À quelques jours du lancement de la cinquième édition du Festival 666, Victor Pépin s’est prêté au jeu des questions d’interview. Il nous parle de ses réussites, de ses envies et bien évidemment de l’édition 2024. Alors, si tu n’as pas encore pris ton billet, ces quelques réponses t’aideront peut-être à te convaincre…
L’aventure a commencé en 2017/2018, alors que tu étais encore mineur: as-tu rencontré beaucoup de difficultés pour arriver à monter ton propre festival? As-tu déjà eu envie de baisser les bras? Y a-t-il des épreuves qui t’ont découragé ou au contraire qui t’ont rendu fier?
J’avais effectivement 15 ans quand j’ai créé l’association en septembre 2017. Je n’ai même pas senti les difficultés tant j’y suis allé au culot et à l’insouciance. Bien sûr, je me suis bien entouré pour ne pas faire trop de bêtises, surtout budgétaires. Mais pour ce qui est de la pure organisation, j’ai tout découvert sur le tas. J’ai baissé les bras qu’une fois, en préparant 2022. Nous sommes à la sortie de l’édition 2021 et je me rends compte que je ne vais pas réussir à programmer et organiser celle de 2022, alors que je redouble à la fac. Aujourd’hui je peux également avouer que j’avais, au fond, besoin d’une pause. Concernant les épreuves positives, je dirais que signer un groupe de malade et faire un spectacle où tout le monde est content, m’ont rendu très fier !
Dans quelques jours aura lieu sa 5ème édition, quelles sont les améliorations ou modifications apportées au festival cette année? Sur quoi aimerais-tu encore t’améliorer ou travailler pour les éditions futures?
Cette année nous apportons une attention particulière à la scénographie du festival. Le mot d’ordre était que l’on ne peut plus se permettre de simplement planter une scène et un bar (grossièrement parlant). On a donc essayé d’améliorer nos décors. Bien sûr ce n’est que la première année où l’on développe cela, donc on sera encore meilleurs l’année prochaine ! Nous avons également cherché à améliorer le confort et l’intimité des festivaliers au bivouac.
La jauge du festival est d’environ 2000 festivaliers, est-ce que le festival a pour vocation de rester à taille humaine?
Oui. Le but est de faire grandir le festival mais de ne jamais perdre la dimension humaine. Évidemment qu’on veut accueillir plus de monde que l’édition précédente, mais on y va mollo car nous savons bien que les festivaliers cherchent le confort en venant à Cercoux.
On sait que vous êtes très à l’écoute de votre public et de vos festivaliers, ils ont d’ailleurs eux-mêmes choisi le nom de votre mascotte Charlie il y a quelques années, quels étaient les noms de groupe les plus demandés pour 2024?
Il y a eu énormément de noms qui ressortaient. Nous avons essayé de programmer un ou deux gros noms qui ressortaient des suggestions, mais nous n’étions pas de taille. Le groupe français le plus demandé doit être Lofofora ou Benighted. À l’international, il nous arrangeait bien que les festivaliers demandent Jinjer, car ils étaient dans nos plans pour 2024 !
Connaissant tes racines pour le heavy metal et ton amour pour le hardcore, comment constitues-tu ton affiche? À l’heure actuelle celle-ci est assez éclectique, est-elle amenée à évoluer, pour un jour proposer une journée entièrement dédiée à un seul style (death metal ou metalcore, par exemple)?
Je réfléchis effectivement à proposer une journée typée hardocre et une autre plus metal. Seulement, les festivaliers qui sont là trois jours et qui n’aiment que l’un des deux genres risquent de bien s’ennuyer sur l’une des trois journées. Ce n’est vraiment pas le but. Ma meilleure solution à ce jour est de mixer un peu les genres sur les trois jours, tout en gardant une cohérence sur le running order. Ce n’est pas facile, mais ce qui m’intéresse c’est que le festivalier reste trois jours. On est très à l’écoute de nos festivaliers. L’année dernière je m’étais vraiment fait plaisir avec le hardcore. Résultat bon nombre de nos festivaliers de la première heure m’ont bien dit de ralentir sur le hardcore. Il faut aussi les écouter car, après tout, ce n’est pas moi qui paye le billet. Sauf que maintenant ce sont les coreux de 2023 qui sont insatisfaits de l’affiche 2024 ! C’est compliqué quand tu as deux publics différents qui viennent au festival…
Tu as à cœur de mettre à l’honneur la scène française, et c’est pour cela que 62% de l’affiche sont des groupes locaux ou nationaux. Cependant toutes les têtes d’affiches de cette année sont étrangères, est-ce qu’il est devenu difficile de trouver des têtes d’affiches françaises?
Oui, on veut vraiment une grande majorité de groupes français sur l’affiche. Cependant, au bout de cinq éditions, il ne reste plus beaucoup de têtes d’affiches qui ne sont pas venues au festival. Il n’y avait pas de têtes d’affiche françaises disponibles sur notre week-end et qui ne soient jamais venues au festival. Bien sûr, j’essaye tous les ans d’avoir Gojira. Pour ce qui est du reste de l’affiche, on cherche vraiment à être 100% français. Cette année Slope est la seule exception, parce que c’est juste trop cool, on se devait de les programmer.
Parmi l’une d’elles, on retrouve la pointure du thrash metal américain, Testament: pourquoi ce groupe plutôt qu’un autre? A-t-il une signification particulière pour toi? Et pourquoi avoir demandé l’exclusivité “festival français”?
J’ai appris que Testament préparait une tournée européenne. Je me positionne immédiatement car j’estime le festival prêt à accueillir un tel groupe, et je souhaite vraiment marquer le coup pour la cinquième édition. Il était cependant compliqué de convaincre l’agent d’envoyer le groupe chez nous plutôt que dans d’autres gros festivals d’Europe sur notre week-end. Une fois qu’il était vraiment intéressé, je demande l’exclusivité française parce que je ne voulais pas me faire piquer mon super groupe. J’ai bien fait d’ailleurs…
Comme le Hellfest avec la création du Hellfest Kids, vous avez également initié le projet “Du metal à l’école” avec les classes de l’école de Cercoux, pour sensibiliser les enfants à la musique metal: quels sont les détails de ce projet? Comment les enfants ainsi que les enseignants ont vu ce projet?
Le projet “Du Metal à l’école permet au festival de s’intégrer à la vie de la commune tout au long de l’année. C’est un outil pédagogique et culturel pour les enseignants, qui vont encadrer les élèves à travers des ateliers plastiques. Chaque classe de primaire et de maternelle travaille sur un groupe qui se produit au festival et y réalise une œuvre en conséquence. Les élèves adorent le metal maintenant ! On aura donc de nouveaux festivaliers d’ici dix ans ! (rires)
Tous les créateurs de festivals ont des challenges et des goals à atteindre, et notamment au niveau de leur programmation, quels sont les tiens?
Ce n’est un secret pour personne, mon but ultime en France est Gojira. J’essaye tous les ans depuis 2018. À l’international, Iron Maiden (en référence au nom du festival et mes racines heavy metal) mais on n’y pense pas trop. Sinon j’ai raté mes chances pour Sum 41 maintenant qu’ils arrêtent. Enfin, j’aimerais vraiment programmer Limp Bizkit un jour.
En remerciant, le Festival 666 et particulièrement Victor pour son temps et ses réponses. On se retrouve très vite pour vous raconter notre expérience sur le festival…