Interview: J.J de Regarde Les Hommes Tomber

Le 4 Avril dernier, le guitariste J.J de Regarde Les Hommes Tomber, a gentillement répondu aux questions concernant leur nouvel album « Ascension », sorti le 28 Février 2020 via Season of Mist.


RiskTheDeath: Comment vous est venue l’idée de monter un groupe uniquement instrumental (dans ses débuts)? Puis, par la suite, pourquoi avoir choisi d’y ajouter du chant?

J.J: À la base, c’était un projet personnel, genre one man band introspectif. Puis, en faisant écouter autour de moi, l’idée de monter un groupe a germé. Vu que les premières compos étaient instrumentales, on a décidé de débuter comme ça. Nous avons fait un premier concert en formation instrumentale, mais très vite on a pris conscience qu’un frontman était essentiel pour proposer la meilleur expérience live possible. C’est à partir de là que l’ensemble a pris de l’ampleur.

RiskTheDeath: Le nom du groupe a-t-il un rapport avec le film « Regarde Les Hommes Tomber », premier film de Jacques Audiard, sorti en 1994?

J.J: Oui, le nom du groupe vient de là. Ce n’est pas le film en lui-même qui nous a inspiré, mais plutôt son titre que l’on trouvait en total cohérence avec notre univers. On a pas mal hésité car c’était une longue phrase en français mais à l’époque c’était assez original, alors on a foncé.

RTD: Auparavant, vous étiez signés chez Les Acteurs de L’Ombre ; aujourd’hui chez Season of Mist : ce changement de label est-il le signe d’un nouveau départ, une sorte d’ascension ; et donc la possibilité de vous exporter à l’international?

J.J: On ne considère pas cela comme un nouveau départ, mais plutôt comme une évolution naturelle. LADLO nous a aidé à émerger. Cette visibilité nous a permis d’accéder à un label plus grand comme SOM. C’est effectivement une structure avec un rayonnement international, qui aidera au développement du groupe. Mais ça ne fait pas tout. À nous de sortir des albums de qualité et d’assurer en live.

©David Fitt

RTD: L’artwork de votre nouvel album « Ascension » a été réalisé par le duo d’artistes Fortifem : est-ce que tu peux nous expliquer un peu plus ce qu’il représente?

J.J: Il est dans la continuité des deux premiers artwork. La scène de la cérémonie symbolise une humanité qui cherche à s’émanciper des divinités. Mais l’ombre qui plane au-dessus signifie, que malgré tout, elle reste aisément manipulable.

RTD: « Ascension » est l’album qui clôt un triptyque, ouvert avec « RLHT » (2013) puis suivi par « Exile » (2015) : qui a eu l’idée de ce triptyque? Et que signifie/représente-t-il?

J.J: L’idée est née dès le premier album. Nous avons abordé notre discographie comme un récit sur plusieurs chapitres qui relatent cette opposition entre l’humanité et les divinités.

RTD: Vos 3 albums sont composés de 7 morceaux chacun : est-ce un hasard ou la symbolique du chiffre 7 qui signifie la perfection et le changement après un cycle accompli?

J.J: Effectivement c’est voulu. À la base, c’était une simple superstition puis nous avons trouvé la symbolique intéressante. Nous trouvions ces significations en cohérence avec notre démarche.

RTD: Vous vous inspirez des écritures sacrées, pour façonner votre musique: mais quels sont les thèmes abordés dans la troisième et dernière partie de ce triptyque?

J.J: Nous avons imaginé un Dieu détrôné de son royaume par Lucifer et exilé chez les mortels. Les rôles sont inversés. Au ciel comme sur terre, on fête sa chute et la liberté avec de furieuses festivités. Lucifer promet faussement l’immortalité aux humains. Mais après sa victoire, sans plus aucun but, Lucifer n’arrive pas à gérer son nouveau royaume et sa horde de démons. De son côté, après une longue errance, Dieu fini par reprendre son trône, symbole de fatalité pour une humanité qui est vouée à être gouvernée et aliénée par des puissances supérieures.

RTD: Est-ce qu’on peut dire que les morceaux ont un lien avec le suivant? Par exemple, le morceau d’ouverture « A New Order » de « Ascension », fait- il directement écho à « The Incandescent March » qui clôturait « Exile »?

J.J: Oui, comme je l’ai précisé nos albums sont conçus comme des récits. Et chaque album se poursuit là où le précédent s’est arrêté. Tout est continuité.

RTD: Sur votre nouvel album « Ascension », les paroles de votre dernière chanson « Au Bord du Gouffre » sont en français : pourquoi avoir choisi ce titre, plutôt qu’un autre? A-t-il plus d’impact chanté dans votre langue natale, plutôt qu’en anglais comme le reste de l’album?

J.J: Nous avons longtemps hésité sur les albums précédents à proposer du chant en français. Mais nous avons finalement décidé de faire le choix de la langue du « rock ». Avec ce troisième album, nous avons décidé d’assumer notre identité. Écrire en français n’est pas forcément simple. Nous voulions un texte beau et riche, faisant honneur à notre langue. Nous avons choisi de clôturer l’album de cette façon, tel une sorte apothéose.

RTD: Au contraire, les deux morceaux dont les titres sont en français ; à savoir l’introduction « L’Ascension » et « La Tentative », sont uniquement des chansons instrumentales : est-ce un clin d’œil aux débuts du groupe?

J.J: C’est vrai que tous les morceaux instrumentaux que l’on retrouve sur nos albums portent un titre français. Dès le début, c’était un clin d’oeil pour rappeler nos origines.

RTD: Vous avez partagé la scène avec Hangman’s Chair, en Septembre 2019, à l’occasion du Festival Major Arcana (Paris) : comment avez-vous préparé cette prestation, alors que HC est plutôt considéré comme un groupe de sludge/stoner?

J.J: Ce mini fest a été crée à l’initiative de Red Bull qui a donné carte blanche aux Fortifem pour organiser la soirée. Ils ont eu l’idée de faire collaborer des groupes. Ils ont pris contact avec nous et nous ont laissé choisir le groupe avec lequel nous voulions partager la scène. On ne connaissait pas vraiment les mecs de Hangman’s Chair à vrai dire. Mais leur musique et leur univers nous plaisait. Très complémentaire de la notre malgré des styles bien différents. Dès les premières répétes, ça a tout de suite matché. Et c’est très naturellement qu’on a réussi à monter un set très cohérent. On a passé un super moment sur scène avec des retours du public assez incroyables.

RTD: Vous êtes annoncés à l’affiche de la 15ème édition du Hellfest, et notamment sur la Temple, en Juin prochain : comment appréhendez- vous ce passage, d’autant plus que vous n’avez pas fait de festival depuis 2017 ? Vous [Regarde Les Hommes Tomber et Hangman’s Chair] êtes tout les deux annoncés sur la journée du Dimanche : est-ce qu’on peut s’attendre à une petite intervention de l’un sur la prestation de l’autre?

J.J: Bon, comme tu le sais, tout a été annulé à cause du covid-19. Notre booker travaille à recaler toutes les dates. Concernant le Hellfest, on espère être présent sur l’édition 2021. Mais l’important actuellement c’est que tout le monde se préserve et se porte bien.

RTD: Merci pour tes réponses et bonne continuation dans les projets futurs de Regarde Les Hommes Tomber…


En remerciant, Alex pour sa détermination sans faille qui a permis cette interview; et Regarde Les Hommes Tomber et particulièrement J.J.S pour ses réponses…

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