Ne Obliviscaris: « Exul » @Season of Mist

Ne Obliviscaris

« Exul »

Format : Album

Genre : metal progressif extrême

Pays : Australie

Label : Season of Mist

Sortie : 24.03.23

Note : 6/5

Ne Obliviscaris est un groupe de metal progressif extrême venu tout droit d’Australie. Leur premier album sorti en 2012 est unanimement considéré comme un classique et un chef d’œuvre absolue du genre. Leur signature musicale est de combiner des passages extrêmes avec des sections émotionnellement percutantes (notamment grâce au violon de Tim Charles). Les bases sont posées, c’est parti pour ceux qui sont déjà fan du groupe.

Six années, c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour avoir le successeur de « Urn ». Il s’en est passé des choses en six ans dans le clan des Australiens. En effet, le batteur Dan Presland présent depuis la création du groupe à quitter le navire (très grosse perte, c’est un sacré monsieur derrière le kit) mais il a quitté le navire après avoir enregistré sa partie pour cet album : une partie qu’il a enregistré lors du début de la pandémie (oui c’était il y a 3 ans). Mais également l’arrivée de Martino Garattoni à la basse, et sa participation pour l’écriture de « Exul ». La pandémie et les changements de line-up ont donc retardé de plus de deux ans la sortie de l’album. Nous y voilà maintenant, l’attente touche à sa fin et c’est parti pour en prendre plein les oreilles. Il est temps de décortiquer ce quatrième album. « Exul » est composé de six titres avec plus de cinquante minutes de bonheur au compteur. Vous l’aurez compris, chaque chanson est un long pavé qui mérite d’être revenu pour pouvoir le digérer. Et justement en parlant de pavé, « Equus » est le morceau d’ouverture de l’album et quelle ouverture ! Ceux qui connaissent le groupe ne seront pas dépaysés, ce qui a fait la réputation du groupe est bel et bien présent dans ce premier titre. Mais cette fois-ci l’émotion dégagée par « Equus » est sans pareil, cette chanson est un hommage aux vies perdues (humaines et animales) lors de l’incendie ravageur de 2019-2020 en Australie. Les dernières minutes de « Equus » sont certainement les plus belles et les plus intenses jamais écrites par le groupe. Entre la prestation de Tim (chant et violon), le solo de Benjamin (un français en plus), la double de Dan et le désespoir véhiculé par Xen : c’est tout simplement un final grandiose que le groupe nous offre. Quelle première claque vraiment ! La question qui se pose maintenant (et que je me suis posé aussi) : comment vont-ils faire mieux ? Arriveront-ils à faire mieux ? « Miséricorde » est la prochaine sur la liste, une chanson en deux parties qui frôle les 17 minutes. Et c’est la pièce maîtresse de l’album, deux parties totalement différentes mais qui forment une entité absolument homogène. « Miséricorde » est la chanson qui représente le mieux le groupe, la première partie (« As The Flesh Falls ») montre le côté plus technique et extrême du groupe, et la deuxième partie… Attendez un petit peu… Oui j’ai fini la dernière phrase assez brusquement, car il faut que je dise à ceux qui me lirons, que c’est avec un avis de grand fan du groupe que je peux dire que cette deuxième partie est absolument MAGISTRALE, il n’y a pas d’autres mots. « Anatomy of Quiescence » est la meilleure chanson de l’album, et aussi l’une des meilleures écrites du groupe. Et pourtant sur 9 minutes, les 6 premières minutes et 40 secondes (oui c’est précis) sont uniquement instrumentales. La façon dont la chanson est amenée est incroyable, c’est vraiment une masterclass. Après la fin extrême de la première partie, « Miséricorde » partie 2 s’ouvre sur une mélodie jouée par Tim Charles : c’est beau, paisible… On se laisse entraîner par ce moment de beauté musicale pendant près de 2 minutes, pour qu’ensuite Benjamin prenne le relais avec un petit solo tout droit sorti du jazz-bar qui est extrêmement surprenant (dans le bon sens du terme) et progressivement le solo typé jazz se transforme en démonstration façon shred, un très grand moment de guitare. Et c’est là que les grosses guitares sortent, transition magistrale encore une fois et c’est là que le violon et la guitare fusionnent afin d’ajouter une dimension épique au morceau. Et ce n’est pas fini, une fois la section instrumentale terminée, le groupe à l’unisson termine de façon grandiose ce chef d’œuvre. Les deux parties de « Miséricorde » sont vraiment le gros point fort de cet album, et si vous voulez définir le groupe en une chanson, ce sont bien celles-là .

3 chansons et déjà près de 30 minutes de musique. 30 minutes de très très grande qualité. On attaque maintenant l’autre moitié de cet album. Dans chaque album de Ne Obliviscaris, il y a toujours une chanson qui se veut plus extrême que les autres, et bien « Suspyre » est celle-là. J’aimerai pointer du doigt le travail fourni par les guitaristes et le bassiste, c’est bien plus incisif et percutant que sur le précédent album « Urn ». Les musiciens se sont fait plaisir, et nous font plaisir aussi. « Graal » est aussi une chanson chargée en émotion, le thème en est pour beaucoup. Elle parle de maltraitance et d’oppression envers nous-même, elle est inspirée des évènements liés à la pandémie, et comment chacun d’entre nous a réagi face à ces temps difficiles. Un thème que le groupe a tenu à partager car eux-même aussi en ont souffert. Et la chanson reflète avec brio tout ça ! « Anhedonia » vient clore cet album. L’anhédonie est un symptôme lié à la dépression, c’est la perte de ressentir du plaisir. Et cette dernière piste est extrêmement froide, comme si tous les événements racontés à travers cet album étaient venus à bout des protagonistes. Ce morceau de 3 minutes est une descente aux enfers et de désespoir total. Voilà comment se finit « Exul ».


« Exul » est un sans-faute tout simplement ! Je ne pensais pas que le groupe pouvait me surprendre encore. Mais c’est chose faite ! Tous les ingrédients connus du groupe se retrouvent dans cet album, mais l’intention du groupe est allé plus loin et plus haut. « Exul » est un nouveau chef d’œuvre du groupe, nettement supérieur à « Urn » dans tous les compartiments. Les fans se réjouiront de les retrouver au top de leur forme, et les néophytes seront plus qu’émerveillés face à tant de maîtrise. En espérant ne pas attendre aussi longtemps pour la suite. Merci Ne Obliviscaris !

Tracklist :
1. Equus
2. Misericorde I – As the Flesh Falls
3. Misericorde II – Anatomy of Quiescence
4. Suspyre
5. Graal
6. Anhedonia

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *