Le 17 Mars dernier, Géraud (batterie) et David (chant) sont venus nous parler de la suite des aventures de Masuka. Et notamment du troisième volet intitulé « Astral Sabbath« , qui promet un voyage cosmique…
RiskTheDeath: Le groupe ne compte plus qu’un seul guitariste dans ses rangs : pourquoi avoir pris la décision de ne pas recruter un nouveau membre après le changement de line-up ?
Géraud: Le groupe avait déjà vécu des changements de line up niveau guitare. À vrai dire, déjà sur le disque précédent les deux guitaristes n’était pas issu de la formation originelle. Jay (le seul guitariste désormais), est dans le groupe depuis plus de 5 ans et le fait de se retrouver seul lui permet de pouvoir totalement s’exprimer et non pas rester cloisonné à la guitare rythmique ou solo. Là, il fait les deux en même temps. On trouvait que ça serait plus intéressant de poursuivre le groupe ainsi, même si ce n’est pas la solution la plus simple et que ça demande à Jay d’énormément bosser.
RiskTheDeath: Vous racontez une histoire à travers vos albums : est-ce que vous pouvez faire un résumé de ces deux albums ?
David: “Astral Sabbath” est le dernier chapitre de l’histoire que nous avions mise en place avec l’EP “ The Cosmic Escape of Admiral Masuka ” et l’album “ The Eternal Drift Chronicles ”. Ce triptyque narre l’histoire d’un cosmonaute japonais errant à travers le cosmos à la recherche de Dieu afin de lui demander de sauver l’Humanité décimée par un holocauste nucléaire. Durant son périple, dont il ne ressortira pas indemne, il devra faire face à des problèmes extérieurs (démons, radiations, mutations) mais aussi intérieurs (crise de foi, doute, folie). À la fin de l’album précèdent, Masuka (sous sa forme démoniaque Demon-Masuka) se précipite dans un trou noir et contamine le Multivers avec ses particules élémentaires. Cela m’a permis de mettre en place des paradoxes temporels sur cet album… Masuka serait peut-être lui-même la cause de toute cette histoire. Ce mélange de science-fiction, philosophie, géopolitiques, théologie c’est notre univers!
RTD: L’artwork de votre nouvel album « Astral Sabbath » n’a pas été confié à David comme pour le premier album, mais à Sinpiggyhead (Nicolas Côme) ; on croirait voir une main dans un tas de nœuds qui s’apparenterait à des serpents : mais que représente-t-il réellement ?
David: Sur cet album nous avons fait le choix de collaborer avec des personnes extérieures au groupe : Cyrille Gachet pour le son, l’Agence Singularités pour la communication et Sinpiggyhead pour l’artwork. Cela nous a permis de vraiment nous focaliser sur l’essentiel : la musique. Je travaille avec Sinpiggyhead dans un salon de tatouage sur Paris, et cela fait déjà quelques temps que je trouve son travail époustouflant. Je lui ai donc proposé et ça a matché direct ! La pochette représente l’Astral Sabbath: le sacrifice d’une jeune femme en offrandes à des Dieux Interdits. Visuellement j’avais en tête les photos prises par la police lors de meurtres, notamment celles du Black Dahlia Murder. L’idée était de découper la scène du rituel en différentes valeurs de plans : les gros plans pour l’extérieur de la pochette suscitent la curiosité et à l’intérieur du vinyle, un plan plus large montrant le corps en entier. Les serpents ont les a mis parce que c’est cool ! Et ça marchait moins bien avec des escargots….
Géraud: C’est tout à fait cela ! Nico à reproduit des éléments visuels forts correspondant à ce que lui inspirait le son et les lyrics de Dadoo.
RTD: Vous avez un fond de chant russe sur l’album : qui est-ce qui le chante ?
G: Il n’y a à vrai dire pas de chant russe, c’est juste une illusion ! Seul le titre est en russe, et on est resté simple puisque cela veut dire « Interlude » . C’est une sorte de clin d’œil à notre tournée russe.
RTD: Vous avez sorti le clip « L’Enfant Nouveau » avec des images issues du film « Beyond The Black Rainbow » de Panos Cosmatos : ce film a-t-il une signification particulière pour vous ?
D: Florian (bassiste) et moi, on s’est connu dans une école d’audiovisuelle. Le metal et la cinéphilie nous ont rapidement rapprochés et on a fondé Verdun sur cette base commune. Donc effectivement quand nous imaginons les histoires nous avons forcément des références filmiques à l’esprit. Pour “L’Enfant Nouveau”, l’idée était de raconter de la façon la plus poétique possible la traque et le meurtre d’une innocente par un sadique. Est-ce que j’ai écrit les paroles en hommage au film ou est-ce que le film est apparu comme une analogie évidente aux paroles ? Je ne saurais te le dire… Un subtil mélange des deux je pense. Toujours est-il que j’ai une passion particulière pour les films contemplatifs, expérimentaux et visuellement forts… Certains diront chiants (rires). J’ai hésité avec d’autres films pour ce clip : La Nuit du Chasseur, Stalker, Carnival of Souls, ou encore Tetsuo… Ce sont un peu les films de chevets des metalleux cinéphiles.
RTD: D’ailleurs cette chanson est votre première chantée en français : pourquoi avoir choisi ce titre, plutôt qu’un autre ? A-t-il plus d’impact chanté dans votre langue natale, plutôt qu’en anglais comme le reste de l’album ?
D: Le français j’y pensais depuis longtemps et ça va paraître bizarre mais je n’osais pas franchir le cap par peur de m’exposer. C’est tellement plus facile de se cacher derrière un anglais approximatif. Je pense aussi qu’il y a une omerta hexagonale stupide à ce niveau : le metal c’est en anglais, le français c’est ringard. En vieillissant je me suis rendu compte que je n’en avais rien à foutre de tous ces préjugés. Le français est une langue pleine de possibilités et de subtilités. Trois choses m’ont poussé à essayer le français :
• Amanda Woodward: qui avait déjà tout compris,
• Francis Cabrel: le boss niveau poésie,
• ADX et Sortilège (merci Florian pour m’avoir initié)
Pourquoi ce morceau particulièrement ? C’est le dernier morceau sur lequel je travaillais pour l’album et j’avais envie d’une petite respiration, un changement. Je suis plutôt satisfait du résultat et je pense que je réitèrerai l’expérience.
RTD: Le groupe s’est formé en 2010 ; en été 2020, Verdun aura donc 10 ans d’existence : avez-vous prévu de marquer le coup ?
D: Marquer le coup je ne pense pas mais, on va intensifier les sorties d’albums et les concerts pour les 10 années à venir… ça c’est certain.
G: Non on a absolument rien prévu à l’occasion des dix ans. A vrai dire, hormis s’en être aperçu, on y pense pas… On se souvient déjà pas des anniversaires de nos meufs, alors celui du groupe…
RTD: Il y a 1 an, vous parliez d’un split (ou d’un spinoff) avec un autre groupe pour vos 10 ans : ce projet est-il toujours d’actualité ? Avec quel groupe le préparez-vous ? Et sera-t-il véritablement prêt pour votre date anniversaire ?
G: On a passé quelques jours en studio mi février, une nouvelle fois avec Cyrille Gachet, alias « la gachette de Talence », pour enregistrer deux morceaux. C’est normalement pour un split avec un groupe américain qui s’appelle Old Iron, de Seattle. On a essayé des nouvelles choses, et on est plutôt content du résultat !
RTD: Toujours pas de prestation de Verdun à Verdun ?
G: On y travaille !!! Plus sérieusement, on a déjà joué pas très loin de Verdun, dans un petit bled qui s’appelle Mécrin, dans une convention de bikers et ca reste un super souvenir !
RTD: Dans l’hypothèse d’un troisième album : il sera plutôt considéré comme un album qui donne une suite à l’histoire ou plutôt l’album qui bouclera la boucle ?
D: “Astral Sabbath” est la fin de Masuka en tant que tel mais toutes nos chansons sont liées musicalement et narrativement. C’est plus réfléchi qu’on peut l’imaginer Verdun. On a mis en place une sorte de “V.E.U”: Verdun Extended Universe donc Masuka aura TOUJOURS un rôle à jouer. Un des morceaux du split à venir est une clef de compréhension important pour la future épopée que nous raconterons. Mais jamais je ne dévoilerai mes secrets de cuisine.
RTD: Merci pour vos réponses ; bonne continuation dans les projets futurs de Verdun…
En remerciant Romain de l’Agence Singularités pour l’opportunité de cette interview; Verdun et notamment Géraud et David pour leurs réponses…