Avatar : Hunter Gatherer @eOne

Après seulement 2 ans d’absence, le groupe suédois Avatar, est de retour avec leur huitième album studio intitulé « Hunter Gatherer ». Enregistré sur le label eOne Music, l’opus sera disponible à partir du 7 Août prochain. Le groupe vient alors nous présenter le successeur de « Avatar Country » ; qui semble revenir sur des terrains plus sombres et plus violents ; mais pas seulement, puisque le groupe a toujours plus d’un tour dans son chapeau !

 

Avatar est un groupe de heavy metal suédois, originaire de Göteborg. Formé en 2000-2001, le groupe joue alors du death metal mélodique, du groove metal mais aussi du hard rock. Le line-up actuel est composé du chanteur Johannes Eckerström, du bassiste Henrick Sandelin, du batteur John Alfredsson, et des guitaristes Tim Öhrström et Jonas Jarlsby. Depuis leur album « Black Waltz », le groupe décide d’adopter un visuel qui s’inspire du cirque traditionnel et de ses dérivés, comme le cirque fantaisiste, les troubadours ou les militaires ; le clown a notamment une place prépondérante, qui évolue d’album en album.

Comme à son habitude, Avatar a choisi un artwork assez épuré pour son nouvel album : quelque chose de très simple mais efficace. En effet, puisque celui-ci représente tout simplement la bouche ouverte du chanteur Johannes (que l’on reconnaît facilement grâce à ses lèvres noires et ses losanges rouges qui tirent sur les joues), dans laquelle on aperçoit alors une sorte de boule d’énergie rose violacée.

L’album est produit par le producteur Jay Ruston (Stone Sour, Slipknot, Anthrax, Steel Panther, Amon Amarth) aux Sphere Studios à Los Angeles. Il apparaît comme l’album le plus sombre et le plus sinistre que le groupe ait créé à ce jour ; une sorte d’étude approfondie sur la cruauté, la technologie, le dédain et la privation. Le chanteur Johannes s’est confié concernant cette noirceur et déclare qu’« il n’y a pas de quoi plaisanter avec ça, et ça nous ramène à la réalité. Il traite davantage de l’obscurité, de la tristesse, du détachement, de l’aliénation et de l’anxiété de penser au monde en général. Ce sont toutes ces choses qui n’entrent pas nécessairement dans le cadre de l’opération « écrivons cette lettre d’amour au heavy metal et partageons notre blague intérieure que nous appelons Jonas, le roi »». Mais il apparaît également comme l’album le plus personnel de tous : « j’essaie de faire passer certaines émotions qui, en tant que parolier, ne me plaisaient peut être pas dans le passé […]. Dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas là, c’est différent que de tourner le doigt et de le pointer vers soi-même. Il faut une certaine maturité pour commencer à faire cela et peut être revisiter les endroits où j’étais dans le passé et y apporter un éclairage plus honnête. C’est plein de ces choses que nous n’avons jamais faites avant et donc, c’est complètement différent à nouveau ».

Cet album marque le premier enregistrement d’excursion aux États-Unis, le groupe a alors décidé de sauter le pas et de tenter cette expérience après avoir tissé un lieu fort avec Jay Ruston. L’Amérique et plus précisément Los Angeles, est un endroit où Avatar n’avait jamais pensé enregistrer. Le chanteur admet même : « je ne suis pas un fan de Mötley Cruë, et je ne suis pas intéressé à faire partie d’une usine de musique pop. Il y avait juste ce préjugé, comme si on riait des gens portant des lunettes de soleil à l’intérieur qui ne sont pas Ray Charles. Nous nous sommes dits : « Pourquoi voulons-nous être entourés de cette ambiance? Nous la détesterons. Je ne vais pas en Amérique pour un producteur de L.A., nous sommes un groupe de metal scandinave. Nous n’en étions pas sûrs, mais nous avons rencontré Jay et nous avons immédiatement matché ». Jay a d’abord mixé une paire d’albums pour Avatar, avant que ceux-ci se décident à produire leur précédent album « Avatar Country » chez lui ; Johannes s’est d’ailleurs confié endisant qu’avec « « Avatar Country », nous voulions voir si nous pouvions faire de la comédie. C’était un grand défi pour nous. C’était drôle et on voulait voir si on pouvait faire quelque chose d’amusant, mais ça devait quand même être génial et résonner. Mais c’était amusant pour nous, et maintenant il est important pour nous de faire quelque chose sans humour ». Cette relation avec Jay a donc évolué et les a amenés à prendre la décision de se rendre en Amérique pour travailler de nouveau avec lui sur l’album à venir ; ils reconnaissent également que la sensibilité de Ruston a permis de les aider à atteindre certains points musicaux qu’ils ne connaissaient peut-être pas bien.

Les musiciens ont travaillé sur les fondations de chaque chanson, en les interprétant d’abord « live » ensemble, comme en 2014 pour l’album « Hail The Apocalypse ». Cette méthode un peu old-school, vise à jouer d’un seul coup les chansons en studio, ce qui permet de capter l’essence d’Avatar mais également ce que le groupe a l’habitude de faire sur scène ; c’est-à-dire briser les frontières entre un groupe de metal et une troupe de théâtre, avec une certaine approche cinématographique. Ils ont tout d’abord commencé à enregistrer les parties instrumentales d’une toute nouvelle chanson ; un morceau pas encore joli et sans titre, dans le registre d’un Alice in Chains bas de gamme, mais faisant référence à une ambiance à la Black Sabbath. Alors que les guitaristes Jonas Jarlsby et Tim Öhrström, le bassiste Henrik Sandelin et le batteur John Alfredsson sont retournés dans la salle de spectacle, le chanteur Johannes Eckerström est resté dans la cabine du studio sur son ordinateur portable, avec son compagnon canin Grey couché à côté de lui, à fredonner des mélodies et des idées lyriques pour le morceau. A terme de cette composition, il en est ressorti une série diversifiée de titres qui prennent définitivement une allure plus lourde et plus sombre que leur précédent album « Avatar Country » ; bien qu’incorporant une partie de la théâtralité, des rythmes lourds, une musicalité stellaire et une agressivité pure que nous attendons de la musique d’Avatar.

Les textes du prochain album sont clairement plus incisifs et traitent de sujets mondiaux en rapport avec la société actuelle : la sauvagerie de la technologie, les injustices, l’indifférence, la barbarie et toutes les aberrations humaines; textuellement le nouvel album est plus un courrier haineux qu’une lettre d’amour. Les suggestions sur l’approche à prendre ont été jetées sur la table, en anglais et en suédois ; pour obtenir quelque chose qui mélange allègrement le heavy metal old-school et le heavy metal moderne, le tout enregistré sur des bandes de 2 pouces. Après une paire d’albums conceptuels, Avatar est tout à fait prêt pour revenir sur un album plus traditionnel ; le chanteur avoue que « celui-ci n’est pas un album concept, et il était très important pour nous que nous sentions que chaque chanson est son propre petit univers, mais il y a toujours un fil d’émotion, une ambiance. Après s’être tellement investi dans l’idée conceptuelle des deux derniers albums, il est naturel de ne pas vouloir se répéter. Quand tout va bien, j’ai moins besoin de traiter cela. Personne ne va voir son psy pour lui dire à quel point il se sent bien, et je pense que cela explique notre besoin de créer et de consommer notre art de façon plus sombre ». Mais comme à leur habitude, le groupe préfère aborder chaque album comme si c’était le dernier, ce qui leur permet de garder ce sentiment « débutant » pour toute leur carrière et de continuer à explorer, où il ajoute qu’« avec le nouvel album, j’ai découvert de nouveaux trucs avec l’harmonie, en utilisant des accords d’une certaine manière et en trouvant des techniques spécifiques de performance qui l’ont rendu nouveau pour moi. Je pense que de savoir qu’il y a un objectif en face de nous, même si en ce moment il peut être plus abstrait ou multidimensionnel en termes de ce que les chansons sont, qui est certainement venu du fait d’avoir travaillé sur deux albums concept. C’est l’émotion la plus importante pour nous quand nous faisons un album. Nous voyons toujours l’album actuel sur lequel nous travaillons comme étant notre dernier. C’est tellement important de garder cette dernière image. Je pense que c’est maintenant beaucoup d’expérience accumulée et une meilleure capacité à nous exprimer à travers des choses qui sont très abstraites au début, que nous pouvons maintenant trouver un langage et une méthode plus concrets après avoir fait ces deux albums ».

Le groupe avait marqué la fin de « Avatar Country », plus tôt dans l’année avec la vidéo de remerciements « A Farewell to Avatar Country » ; mais présente en avant première avec sa bande-annonce (réalisé par Johan Carlén), ce printemps, une partie de sa tracklist dont les morceaux « Colossus », « Child », « Scream Into The Void », « Silence in the Age of Apes » et « Secret Door » où l’on retrouve en guest le chanteur Corey Taylor de Slipknot.

Johannes a déclaré que l’inspiration de la chanson « Silence in the Age of Apes » littéralement « le silence au temps des singes», lui était venue de la lecture du livre « Sapiens » de Yuval Noah Harari. C’est un titre extrêmement énergique qui fait office de premier single pour ce nouvel album ; c’est le point de départ d’une longue campagne pendant laquelle Avatar va tout mettre en œuvre pour envoûter un public encore plus large. Il a un effet hyper puissant et une rage énorme qui transpire de la musique et des paroles, et qui ensuite s’abat comme un tsunami sur l’auditoire. Il est très loin de ressembler au tout premier album des suédois. En effet, puisque c’est l’un des morceaux les plus variés et les plus élaborés que vous entendrez du groupe, à la fois musicalement et thématiquement ; le morceau à haute énergie s’ouvre sur des percussions très frappantes et proéminentes de John, puis renforcées par une guitare agressive. Il commence plus dans une veine punk hardcore avant de s’aventurer dans une direction metal ou plus thrash. Le morceau comprend un riff que Johannes a écrit en 2006 ou 2007, tandis que le reste de la chanson comporte des parties beaucoup plus récentes. Mais le groupe trouve vraiment leur groove avec cette chanson. La voix a été spécialement enregistrée pour ajouter quelques coups de poing aux bons endroits, donnant à la piste quelque chose de spécial. Eckerström a révélé que la voix du groupe venait de la date finale qu’ils ont faite avec Babymetal, lors d’un spectacle à San Francisco, à l’automne dernier. Avec ses 1,2 millions de vues en moins d’un mois, « Silence In The Age of Apes » est donc certainement le morceaux qui laissera la place au spectacle, comme le groupe nous a si bien habitué.  

« Colossus » enfonce le clou en plongeant les fans dans une dimension bien différente et qui fait une forte impression. On retrouve une sirène d’ouverture, une introduction avec des sons électroniques annonçant une alerte rouge, laissant la place à des percussions brutalement lourdes, puis des guitares qui entament une marche pachydermique que rien ne semble être en mesure d’arrêter (tout comme ce fameux décompte binaire qui aurait finalement pris le contrôle des choses). Le tout avec un chant parfois caverneux qui survole cette ambiance pour le moins martiale, rythmée par chœurs particulièrement sombres qui sonnent comme un rappel à l’ordre. Johannes pointe « Colossus » comme étant « l’un des deux titres prévus qui donne une vue plus sombre sur notre avenir et la dépendance sur la technologie pour éventuellement être un salut pour nous avancer en tant que société ».

Avatar a un invité qui est venu pour les aider sur leur prochain album. Le leader de Slipknot et Stone Sour, Corey Taylor, apparaît alors sur l’album et notamment la chanson « Secret Door » ; mais peut-être pas de la façon dont vous vous attendriez. C’est un titre lourd, avec certains passages à la System of a Down. Mais les parties les plus accrocheuses sont celles où Corey siffle. La rencontre avec Taylor vient de Jay, qui a dans le passé produit certains albums de Stone Sour, mais également des amis que le groupe a en commun avec la femme de Taylor. Le chanteur explique qu’« il a entendu dire que nous étions ici et que nous travaillions avec son ami Jay, alors nous l’avons fait venir au studio pour qu’il entende certaines choses. Il a dit : « S’ils veulent que je jette ma voix sur quelque chose, ce serait cool ». Alors, ça a commencé là ». Johannes ajoute que « donc, nous avons pensé que Corey ‘Fucking’ Taylor, ouais, il peut siffler. Et en fait, il l’a fait mieux que nous aurions pu. J’ai sifflé sur la démo et les notes élevées étaient trop élevées pour moi. C’est donc drôle que c’est une chose dont nous avions vraiment besoin ». Ils n’ont pas seulement accueilli, Corey pour ses talents de siffleur. Mais aussi parce que les membres d’Avatar n’avaient pas vraiment collaboré dans le passé, et ont décidé de profiter de l’occasion d’avoir Corey avec eux, pour lui demander des conseils et des idées à ajouter, sur certaines de leurs chansons qui manquaient tout simplement de quelque chose. Johannes révèle même qu’« il est venu avec quelques suggestions, et c’est sur ces suggestions que nous avons construit et ajouté ; il a fini par être ce petit morceau qui aurait pu manquer. Il y a donc eu une collaboration d’écriture très simple et spontanée ».

« God of Sick Dreams » est dans la même lignée que « Silence In The Age of Apes » ; c’est donc un titre particulièrement violent, avec tout de même cette fois, le retour de lignes mélodiques qui est propre aux suédois. « Scream Until You Wake » mélange des passages heavy avec des sonorités modernes, le tout avec une voix aiguë et des leads de guitare. « Child » est l’une des chansons les plus diverses sur le disque et celle dans laquelle ceux qui apprécient la nature théâtrale du groupe adoreront. En effet, puisqu’elle aurait presque la rythmique d’une comptine pour enfants. Elle s’inscrit davantage dans la veine de la narration avec un jam chaotique qui s’intensifie vers la fin, puis qui tire vers un final de guitare non-saturée. Thématiquement, les paroles exposent les souvenirs d’un lieu et d’une époque de psychiatrie où l’hystérie était considérée comme une maladie ; et où le remède serait la lobotomie pour les femmes indisciplinées. Johannes a un peu plus détaillé les paroles du morceau, en expliquant qu’« il y a un enfant impliqué, d’où le titre. Si vous brossez un tableau d’ensemble : lorsqu’un enfant est tenu à l’écart du processus de perte ou de deuil dans ce côté de l’histoire, c’est là où il y a des effets néfastes et qu’ils font quelque chose qui est complètement dépourvu d’humour. Face à la tristesse, comment gérer la colère alors que nous avons été lésés et ne sachant pas où diriger la douleur ».

Au milieu toute cette violence et cette noirceur, Avatar propose une sorte de pause avec le titre « Gun » et offre alors une ballade au piano à la limite se la fausseté, qui donnerait presque la chair de poule ; avant d’enchaîner de nouveau sur deux dernières chansons, dans le même ton que les premières de l’album. L’album se clôture sur « Wormhole », une chanson aux notes gojiresque. Une référence qui est sûrement dû au fait que Johannes a cherché du réconfort auprès des membres de Gojira. Un groupe qu’Avatar considère comme une influence plus moderne et bénéfique pour eux. Johannes a même confié, qu’« ils sont un super groupe live, mais ils sont aussi capables de trouver leur propre expression ; ils sont capables de faire quelque chose que nous trouvons important, quelque chose que nous essayons toujours de réaliser aussi. C’est pourquoi nous essayons d’enregistrer de la musique assez compliquée en live ».

 

Pour conclure, « Hunter Gatherer » est certainement l’album le plus violent (sur plan de l’ambiance et des paroles que sur le plan musical) depuis « Black Waltz » (2012) voire depuis « Schlacht » (2007). Il présente Avatar dans toutes ces splendeurs et ces décadences, et permet au groupe de Göteborg de conforter la place unique qu’il occupe dans le vaste et riche paysage du heavy metal passé et présent. À travers des compositions ambitieuses et des narrations dérangeantes de troublantes visions, Avatar est la parfaite incarnation du « circus metal », et brouille parfaitement la ligne entre les images et les sons. Ce nouvel album délivre de nouveaux hymnes destinés à rester ancrés dans l’esprit des fans, et qui ciblent un public en attente de nouvelles sensations fortes. Avatar est une expérience aussi stimulante qu’audacieuse et tout à fait captivante ; d’autant plus que la France est un territoire particulier pour la troupe du volubile Johannes Eckerström qui n’a pas son pareil, pour mettre en scène sa musique et surprendre ainsi le public.  

Comme ils l’ont déjà prouvé, le groupe a l’habitude de donner d’époustouflantes prestations, et notamment au Hellfest, au Download, en 1ère partie de Slipknot aux Arènes de Nîmes ou en tête d’affiche du Trianon à Paris. À chaque passage dans l’hexagone, le groupe affiche plus que complet ; mais ils seront à retrouver en 1ère partie d’Iron Maiden, le 11 Juillet prochain…

TRACKLIST :

  1. Silence In The Age of Apes
  2. Colossus
  3. A Secret Door
  4. God of Sick Dreams
  5. Scream Until You Wake
  6. Child
  7. Justice
  8. Gun
  9. When All But Force Has Failed
  10. Wormhole

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