Sombre et lunatique, morne et sublime, aérien et écrasant, hypnotique et captivant, audacieux mais infaillible infaillible, strident, dansant et étouffant, tout cela à la fois… Stéphane et David sont venus pour nous parler de « The End Of All Things ». Alors verdict?
RiskTheDeath: Crown a vu le jour en 2011, et se compose « seulement » de deux personnes: pourquoi avoir voulu rester un duo? Comment ça se passe en live?
Steph: Effectivement un duo au commencement mais rapidement après le premier album « Psychurgy » nous sommes passés en trio (en live) avec Freddy de Zatokrev qui avait le poste de guitariste et chanteur aussi sur certains morceaux. En live nous sommes 4 à présent, David et moi sommes accompagnés de Marc Strebler (guitares) et Nicolas Uhlen (batterie) qui a d’ailleurs fait toutes les parties de batteries sur le nouvel album.
David: Voilà Justine tu l’auras compris, même le duo de base n’est plus le même… Si Stef, aka Crown voulait brouiller les pistes il ne s’y prendrait pas autrement…
RTD: L’enregistrement de l’album a été réalisé par vous-mêmes: est-ce réellement un avantage d’avoir de l’expérience en tant d’ingénieur du son, quand on est artiste? Est-ce qu’on ne devient pas plus exigeant?
Steph: David et moi sommes dans le milieu depuis un bon moment, moi en tant qu’ingé son live et David en tant que producteur / mixeur / ingénieur son studio. On est effectivement plus exigeant et plus focalisé sur certains aspects techniques ou de mise en place allant du processus d’écriture jusqu’au mastering d’un album.
David: Moi, j’aurai tendance à penser que tous les groupes plus ou moins avancés dans leur démarche sont exigeants… L’avantage réside plutôt dans le fait de savoir assez tôt dans le process de production ou même de composition ce qui va pouvoir fonctionner et ou ce qui va poser problème… Et bien sur un avantage de budget car on ne dépend de personne et on peut utiliser le temps comme bon nous semble.
RTD: Stéphane, tu as travaillé longtemps en tant d’ingénieur du son pour Alcest: leur musique a-t-elle eu un impact sur ta façon de composer? Ta façon de chanter?
Steph: J’ai travaillé pendant quelques années avec eux oui, j’adore ce qu’ils font mais en aucun leur musique n’a été une influence pour ce nouvel album.
RTD: On retrouve aussi un côté très indus dans votre musique, mis en place par des guitares lourdes, de électronique et cela même en l’absence « d’une vraie batterie »: des groupes de metal industriel, comme Ministry ou encore Godflesh, sont-ils des influences pour vous?
Steph: Il y a en effet ce côté industriel très prononcé depuis les débuts de Crown. Et David et moi avons été profondément marqués par cette vague industrielle des années 80-90, Kraftwerk, Einsturzende Neubauten, NIN, Killing Joke, The Young Gods, mais aussi Depeche Mode, Swans, The Cure et Massive Attack. TEOAT est l’exception car sur cet album nous avons un vrai batteur (Nicolas Uhlen).
David: Tu sais, tu peux être indus ou metal ou quoi que ce soit avec à peu près n’importe quel instrument; c’est plus lié à la manière de faire les choses… Enormément de groupes de metal aujourd’hui programment leur batterie car c’est plus efficace et moins coûteux… Et c’est pourtant pas autre chose que du metal…
RTD: Par rapport au précédent album, « The End of All Things » marque une vraie rupture sur le chant: qu’est-ce qui t’a poussé à modifier cela? C’est quelque chose que tu/vous avez réfléchi ou cela vous ai venu naturellement?
Steph: C’est venu tout naturellement avec l’écriture des nouveaux morceaux, ce n’était pas prémédité (sourire). Le processus d’écriture est toujours très instinctif et le flot de chant clair s’est imposé naturellement.
RTD: Les paroles de nouvel album sont très sombres et dures. Le fait de les chanter en chant clair et non guttural permet-il de plus facilement faire passer des émotions?
Steph: C’est une autre approche, le chant clair est beaucoup plus nuancé et dynamique que le chant guttural et beaucoup plus complexe aussi car trouver la bonne intention pour donner ce côté émotionnel est un vrai challenge.
RTD: Vous avez également réduit les guests sur cet album, on ne retrouve plus que Karin Park d’Årabrot sur « Utopia »: le but est-il de mettre en valeur la voix de Stéphane? Pourquoi placé ce morceau plutôt à la fin d’album plutôt qu’au début?
David: A la base ça été une demande de ma part, en tant que réalisateur de l’album je tenais à avoir une cohésion vocale plus marquée que par le passé. Je pensais aussi que cela serait efficace car j’aimais particulièrement beaucoup les passages de « Natron » ou Stef chantait déjà de cette manière. Pour Karin, il est évident que commencer l’album par un ou une guest serait trompeur pour quiconque ne connaît pas le groupe… Ceci dit, nous n’étions pas partis pour clore l’album avec Karin non plus mais il se trouve que c’était l’endroit le plus approprié.
RTD: Est-ce, tout ce que l’on vient de dire (sur le chant et sur les invités), ce n’est pas aussi une manière de vous diversifier et de créer « la surprise »? Autrement dit, éviter de refaire constamment la même chose et d’offrir aux fans une pâle copie de l’album précédent?
Steph: Depuis les débuts de Crown j’ai toujours évité le schéma de répétition que ce soit dans l’écriture ou la production des albums. La musique et l’art en général se doivent d’être en constante évolution et en mouvement, trop de groupes resservent la même recette à chaque album et je trouve ça déplorable et tout sauf créatif.
David: Je rajouterai que nous n’avons jamais cherché à créer la surprise, elle s’est imposée d’elle-même. Je dirais même qu’au contraire nous espérions que le public perçoive ce changement comme une évolution naturelle et cohérente… et jusque là ce même public n’a fait que nous surprendre par son ouverture d’esprit!! Merci à eux !!!
RTD: Merci pour vos réponses et pour cet album.
Steph: Merci à toi Justine et super content que l’album te plaise !!
En remerciant, Roger de Replica Promotion pour l’opportunité de cette interview. Mais surtout Crown et particulièrement Stéphane et David pour leurs réponses et leur temps.