Une musique sombre mélangeant sonorités organiques et synthétiques, c’est la recette qu’a choisit FauxX, ce tout nouveau duo de Saint-Brieuc. Pour la sortie de leur premier album « StatistiC EgO », Joachim et Job nous ont offert la possibilité de leur poser quelques questions.
RiskTheDeath : Bonjour Job et Joachim, merci de nous accorder quelques minutes pour une interview, tout d’abord comment ça va ? Il est 19h, c’est votre dernière interview de la journée, ça va, ce n’était pas trop long ? vous n’êtes pas trop fatigués ?
Job : Salut !
Joachim : Salut, bah ce n’est pas que c’est long mais on a eu des petits moments de baisse, où tu ne trouves plus tes mots, tu es un peu fatigué, mais on enchaîne depuis ce matin donc c’est normal.
Job : Oui, des moments où tu parles un peu vite, en plus il y a des questions qui se répètent forcément mais c’est normal mais c’est sympa, on est content.
Joachim : Ouais, c’est cool.
RTD : Ok, je vais commencer avec ma première question : Pouvez vous nous faire chacun une petite présentation individuelle pour les gens qui vous découvriraient, de quelle scène vous venez par exemple, etc..?
Job : Ok, alors moi c’est Job, Jean Baptiste, je vais essayer de faire assez bref. Alors j’ai commencé la batterie à 17 ans, c’est assez tard 17 ans puis après s’en est suivi pas mal de groupes. J’ai fait du hardcore pendant 10 ans, mais du hardcore pur et dur tu vois, genre Madball, Sick Of It All, c’étaient mes trucs quoi. Ensuite j’ai joué beaucoup de punk rock, et c’est à ce moment là que j’ai rencontré Tagada Jones parce que c’étaient des amis quoi, des grands frères. Et puis tout naturellement, enfin non, pas tout naturellement puis que j’ai fait un remplacement un jour où Boi Boi (NDLR : ancien batteur de Tagada Jones ayant quitté le groupe fin 2009) s’était cassé la jambe puis c’est moi qu’ils ont recruté, parce qu’on se connaissait, que j’étais agréable et que j’avais déjà joué avec eux une fois donc ils savaient que ça allait coller quoi. Et puis voilà, Tagada Jones, ça fait 12 que c’est là pour moi puis fin 2017, j’ai eu pas mal de remise en question, de changement dans ma vie tout ça, Tagada Jones ça roulait super, c’était génial, puis j’ai eu envie de faire autre chose. J’ai donc voulu créer FauxX qui était à l’exact opposé de tout ce que j’ai fait avant, mais là je commence à parler des FauxX et plus vraiment de moi donc j’arrive un peu dans le hors sujet.
Joachim : Non mais c’est bien, tu as parlé de toi pour arriver à FauxX.
Job : Ouais, donc voilà, 45 ans maintenant, ça fait 28 ans que j’ai embrassé la musique et qu’elle régit un peu ma vie au jour le jour ; et FauxX était une occasion d’ajouter une corde à mon arc pour faire autre chose, de proposer de nouvelles sonorités et prendre des risques, parce que c’est important dans la musique de prendre des risques et j’avais envie de faire ça, de proposer une musique un peu sale et déstructurée.
Joachim : Alors moi, j’ai commencé la musique assez tôt, par le piano, adolescent j’ai commencé la batterie aussi, je voulais faire du rock, etc…
Job : Du black metal il faisait lui, les premiers black metalleux de Saint-Brieuc.
Joachim : Ouais, j’ai eu une grosse révélation, avec quelques potes comme ça sur Saint-Brieuc, on a sorti notre premier groupe de black, les musiques extrêmes c’était une grosse révélation pour moi.
Job : Début 90 hein, on ne parle pas de Cradle of Filth (rigole).
Joachim : Voilà, donc après moi j’ai fait pas mal de musique, beaucoup de groupes différents, aussi bien de musiques extrêmes que j’ai beaucoup écouté, mais sinon, il n’y a jamais eu de genre ou de scène autour de moi en particulier. Sinon il aurait fallu que je bouge dans de grandes villes quoi, il aurait fallu que je monte à Paris, je n’en sais rien. Mais je suis toujours resté dans la région de Saint-Brieuc, donc j’ai fait beaucoup de musique dans beaucoup de styles différents. Il y a quand même quelques groupes avec lesquels j’ai fait quelques tournées, avec lesquels on a fait un peu d’export mais voilà, je peux dire que FauxX est vraiment LE premier groupe dans lequel je fais quelque chose de personnel, dans lequel je m’investis. Enfin, d’un point de vue musical car chaque fois que j’étais dans un groupe, je m’investissais, mais musicalement, c’est vraiment le premier groupe dans le quel je ne suis pas juste un claviériste ou un batteur qui joue dans un groupe qui fait telle ou telle musique. Là avec Job, c’est vrai que quand on s’est rencontré pour faire le groupe (parce qu’on se connaissait déjà bien avant FauxX) c’était vraiment dans le but de quelque chose avec un parti-prix fort, quelque chose de fort, en duo, sans guitare, quelque chose d’assez brut, assez sale.
Job : Ouais, c’est brut de décoffrage. On ne savait même pas trop au début comment on pouvait se qualifier. Bon maintenant, on arrive à le dire, mais au début on s’est dit « mais en fait, c’est du « metal » qu’on fait. Mais fallait qu’on se l’avouait, oui c’est de l’indus. Mais moi si tu veux, j’ai zéro culture en indus, je ne connais pas l’indus, lui (Joachim), connaît déjà un peu plus ça.
RTD : Oui, c’est plus indus via l’utilisation de machines.
Job : Ouais, c’est ça.
Joachim : Oui, c’est plutôt une approche indus puis le côté saturé forcément, si tu veux, moi j’ai des références, car c’est une musique que j’ai toujours écouté de plus ou moins loin car je trouve que c’est une musique qui a toujours ses limites en fait, c’est très codifié. Je trouve qu’il y a beaucoup de groupes qui sont assez décevant dans la durée. Et peut être qu’inconsciemment, j’ai voulu faire quelque chose qui m’aurait bien plu dans ces musiques là. Parce que y’a des groupes, dans les années 90, enfin quelques albums, où j’avais pris des claques à l’époque. Et finalement, le fait d’être avec un clavier, des machines, avec Job, qui a cette culture du metal, même si on ne vient pas de la même branche, de ce courant musical là, on se retrouve, on a quand même des points communs. Quand on parle de musique, on se retrouve.
Job : Oui, mais en plus on ne peut pas dire que je suis vraiment metalleux moi. Même si j’ai fait pas mal de hardcore…
RTD : Comment votre histoire commune est née, d’où vous est venue l’idée de former un duo ?
Job : Comme je te l’ai dis, mais je vais plus le développer : en 2017, beaucoup de doutes, de remise en question dans ma vie, ce n’était pas terrible à part Tagada Jones, qui a toujours été là, qui a toujours été ma soupape. Tu vois, tu peux toujours avoir tes galères la semaine, tu montes dans le camion, tu fais 2500 km avec les copains de Tagada et puis voilà, le week-end tu joues, y’a du monde, le public est super sympa, tu rencontres des gens, c’est génial quoi. Mais la semaine, ça n’allait pas. J’avais pas mal de choses à régler personnellement, questions sentimentales, je n’allais pas au bout des choses, fallait que je change ma façon de m’alimenter… Enfin voilà, j’avais besoin de me reprendre en main, et j’avais aussi besoin de créer quelque chose musicalement. C’est bien joli, d’être batteur de Tagada Jones, j’ai de la chance, ok, mais justement, faut que je prenne des risques à côté. Il faut qu’à côté, je fasse quelque chose. En fait voilà, c’est exactement ce qu’on fait comme musique que je voulais faire à côté. Qu’un duo déjà, avec que des machines et des synthés, par ce que tout le monde fait l’inverse. Enfin voilà, c’est aussi pour ça qu’on s’appelle FauxX, avec une faute d’orthographe. ON NE VOULAIT PAS FAIRE COMME LES AUTRES.
RTD : Ne pas rester dans les codes en fait ?
Job : Voilà, on avait besoin de…
Joachim : De casser un peu tout ça !
Job : Oui voilà, de casser tout ça, de faire notre propre truc, d’avancer tout seul pour nous faire du bien. Et puis j’avais besoin de me prouver que j’étais capable de créer mon projet de toute pièce (avec Jo, car on est à 50/50 là-dessus, c’est notre projet à tous les deux) mais que j’étais capable de faire ça. Parce que souvent, j’ai entendu des réflexions du genre « ouais mais toi Job, tu vas toujours dans les groupes qui marchent ». Donc voilà, si tu veux, même si j’ai mon interprétation de tout ça et que je sais que ce n’est pas vraiment la vérité, c’est toujours un peu vexant… Donc j’avais envie de prouver aussi vraiment les choses en mode « je vais te faire et tu vas voir, le groupe que je vais faire ça va être un truc différent de tous les autres ».
RTD : Oui, je me souviens que lorsqu’on avait parlé de votre premier EP, tu m’avais parlé d’anti-musique.
Job : Ouais, c’est ce qu’on voulait.
Joachim : Oui, c’est ça, un côté un peu « anti ». Au départ y’avait beaucoup de « anti » dans la musique qu’on voulait proposer : contre les gens, contre la musique déjà préétablie, contre les codes un peu stéréotypés, et le metal en regorge des stéréotypes…
Job : Contre le metalleux qui gueule Metallica ou Slayer et qui montre son cul au camping, bon, nous ce n’est pas notre délire quoi…
Joachim : C’est ça ! Moi j’adore le metal, c’est une musique qui m’a suivi et qui m’a souvent « sauvé », enfin je ne vais pas faire le Saint-Bernard mais c’est une musique qui m’a permis de garder un cap. C’est une musique qui pour moi est très importante, mais en même temps, je n’aime pas les balises qui y sont misent avec son côté très stéréotypé, mais ce n’est pas lié qu’à ce style-là, c’est lié à beaucoup de choses, et c’est vrai que c’était un peu ce constat-là, envoyer tout balader pour essayer de construire quelque chose.
Job : Prendre des risques.
RTD : Vous aviez ce besoin de vous exprimer et de vous épanouir dans un nouveau projet plus personnel.
Job et Joachim : Oui, c’est exactement ça !
Joachim : J’avais des périodes où je faisais 3 ou 4 groupes en même temps, mais même si je m’y plaisais, que c’était des gens que j’appréciais, avec qui je bossais et avec qui je passais de bons moments, musicalement et artistiquement ; quand je rentrais chez moi, j’écoutais l’opposé de ce que je faisais le week-end. Alors c’était exaltant, je n’avais pas à me plaindre car je vivais de ma musique, que ça n’allait pas trop mal tu vois, mais c’est vrai que là avec FauxX, on tape vraiment dans le mille. En tout cas dans ce que j’avais envie de jouer, de proposer, et je pense que Job c’est pareil.
Job : Oui, tu vois, avec FauxX c’est différent, parce que en 20 ans, Jo il a aidé tout le monde. Il a joué avec tout le monde ici, il aidait tout le monde, il enregistrait des albums, quand on voulait du clavier, on l’embauchait pour qu’il fasse les claviers, pour faire les arrangements, enfin bref, il était là. Il était bien gentil Jo, il était bien gentil, il est sympa Jo, il est super. Mais là Jo c’est son groupe, il est là, il est devant et c’est lui qui chante et c’est totalement différent d’avant où il était là discret, là on est sur autre chose.
RTD : J’avais la question de savoir pourquoi avoir choisi la configuration de duo ? mais vous avez déjà répondu avec ce côté « ne pas faire comme tout le monde, pas de guitare etc ».
Job : Exactement, et tu sais quoi ? Si on veut aller plus loin dans notre musique, la développer, et aller au fond de notre idée, il faut qu’on reste à deux. On a une multitude d’ambiances et d’émotions à donner déjà à deux. Si on rajoute une guitare, ça va rajouter des « griiiing griiiiing » et on s’en fout. On est très bien comme ça et on a plein de boulot, notre ligne d’horizon est très grande et très longue donc le duo, c’est très bien.
RTD : Job est un peu plus connu aux yeux du grand public grâce à Tagada Jones, mais est ce que toi Joachim, tu as d’autres projets en cours à côté de FauxX en ce moment ? Je sais que pendant un temps tu jouais avec Hoa Queen par exemple.
Joachim : Non, je me consacre totalement à FauxX et c’est un choix. J’ai eu récemment une proposition pour être claviériste dans un groupe, mais j’ai décliné l’invitation car je me suis dis que j’allais encore m’éparpiller et je ne voulais pas. Justement, là c’est un groupe un peu plus personnel que nous développons tous les deux… C’est un peu bête ce que je viens de dire là, « personnel tous les deux ».
Job : Non, pas du tout, c’est notre univers à nous, c’est un univers qu’on se construit, ce n’est pas bête du tout.
Joachim : J’ai toujours fait de la musique, là avec le confinement j’ai continué d’en faire, j’élabore des choses, et là du coup c’est seul, y’aura d’ailleurs peut être des sons qui vont sortir un de ces quatre. Mais là pour l’instant, je me consacre totalement à FauxX. On est en développement, mais malgré la COVID-19 il s’est passé des choses et du coup voilà, on a envie de se défendre sur scène, de prouver aux gens ce qu’on peut faire.
Job : Et puis tu vois, c’est un peu compliqué parce que moi je joue avec Tagada, ça reste ma priorité et c’est normal, je suis dedans depuis 12 ans et tu vois bien la place que ça occupe. Donc Tagada, c’est ma priorité, il faut que je jongle entre les deux, si en plus Jo, fallait qu’il jongle aussi avec d’autres trucs tu vois, ça deviendrait vraiment compliqué.
RTD : C’était justement ma prochaine question, comment comptez-vous gérer tout ça avec notamment Tagada qui est un groupe qui tourne énormément ? Allez vous trouver assez de temps pour défendre FauxX en live, comptez vous faire des dates communes FauxX/Tagada pour optimiser votre temps ?
Job : Non, parce que ce sont deux choses complètement opposées, les univers sont vraiment opposés. Si tu veux, les fans de Tagada, je ne suis pas sûre qu’ils aiment ça. Aller, le pourcentage de personnes qui vont aimer ça chez les fans de Tagada c’est peut-être 5%, et c’est logique, c’est normal. Et je n’ai pas non plus envie de profiter de l’aura de Tagada pour développer FauxX, ce serait trop facile et je n’ai pas envie qu’on dise « ouais, l’autre il met son groupe avant Tagada gna gna gna ». Bref on veut faire notre truc à la cool quoi.
RTD : Pourquoi avoir choisi un univers aussi sombre que celui que vous être en train de vous construire ?
Job : C’est vis-à-vis de ce dont on a déjà discuté précédemment : lorsqu’on parlait de 2017 et puis on a une haine en nous, on ressent des choses, comme tout le monde finalement. Mais nous, on est musicien et on a la chance de pouvoir l’exprimer. Donc le côté noir que j’ai en moi, le côté noir que Jo a en lui, on en profite pour le faire ressortir et c’est super salvateur, ça fait du bien.
RTD : Votre nouvel album « StatistiC EgO » sortira le 28 Mai, qu’est-ce que ce nom signifie ?
Joachim : C’est encore une fois dans cet esprit d’opposition, de contradiction, voire d’oxymore si on peut dire ça entre l’ego, ce qui nous représente nous en temps qu’individu, ce qui nous représente dans la collectivité, ce qui peut nous pousser à faire de belles choses mais également les pires et opposer ça à quelque chose de très moderne qui sont les statistiques, donc les big data, la numérisation. Tous nos comportements sont analysés, dans les big data, les réseaux sociaux, les ordinateurs, les algorithmes, etc… Et on voulait opposer ce côté numérique à quelque chose de très organique qu’est notre ego, qui est important pour avancer. Et dans la vie, il faut en avoir parce que sinon, on se couche le matin, et on ne se lève jamais. Donc finalement c’était pour mettre en avant comment on est transformé en statistiques et en données. Comment une personnalité et toute une vie qui sont multiples et complexes peuvent être résumé en une ligne de code ? Finalement on est analysé pour dire « cette personne, qui est une ligne de code, va acheter ceci ou cela, sera à tel endroit à telle heure parce que ceci ou cela ». Donc c’était ça l’idée, d’opposer ces deux termes pour les mettre en avant.
RTD : L’idée de faire une musique hybride où s’entrechoque un côté organique avec la batterie de Job et plus synthétique avec tes machines Joachim, n’est-elle pas finalement une analogie de la société où les machines prennent de plus en plus au détriment de l’humain ?
Joachim : Oui, effectivement, y’a de ça.
Job : Et tu remarqueras que nous, on garde le côté organique justement.
Joachim : Oui effectivement, pas comme de l’indu qui irait à 100% dans la machine, où les batteries vont être numérisée et cadrée. Là l’idée était une nouvelle fois de casser les codes en disant « on fait ces sonorités en gardant le côté vivant d’une batterie et de son batteur, et non pas ce côté froid d’une batterie numérique ».
Job : Parce que tu vois, dans les groupes d’indus, il n’y a pas forcément ce côté-là vivant de la batterie, les mecs sont là, calés, Tac-Tacs, ils sont réglés. Et nous, pas du tout… On s’est lancé, on est dans une croisade où on est un peu seul au monde. On est sur notre planète et je trouve ça super. C’est ce qu’on voulait quand on a commencé. C’était une urgence pour nous de faire ça. Ne pas faire un groupe de black en plus, ne pas faire un groupe de punk-rock de plus, mais vraiment créer quelque chose, chier quelque chose de différent, rendre hommage. Parce que la musique c’est ça, c’est un livre ouvert, rien n’est fermé, tu peux tout faire, tout est possible et c’est ça qu’est génial.
Joachim : Ça me fait penser au film « Seul Contre Tous » de Gaspar Noé (NDLR : Film sorti en 1998, dans lequel un boucher qui sort de prison la rage au cœur, tente de repartir à zéro dans une société où il se sent bien seul contre tous). Je ne sais pas si tu connais, c’est un peu ça, le point de départ du groupe, on les emmerdes tous. Pour des raisons différentes pour Job et pour moi, mais c’est vraiment ça l’essence du groupe, seuls contre tous.
RTD : Faire ce qui vous plaît à vous, si ça plaît aux autres, tant mieux, si ça ne plaît pas, tant pis mais le principal c’est de vous éclater.
Joachim : Oui, exactement. Et puis on essaie de le faire au mieux, avec notre bagage qui n’est pas trop dégueulasse je pense. Et puis on travail avec les gens qu’on connaît, en indépendance, on peut faire du studio, on peut faire des clips avec nos connaissances et on a réussi à mettre en place quelque chose de pas trop dégueulasse.
RTD : Vous aviez sorti un EP (« NH3(il) »), diriez vous que depuis ce dernier, FauxX a évolué ou alors que ce nouvel album n’est que la suite logique de cet EP ?
Job : Bah la continuité après un EP, c’est de sortir un album et de se développer. La prod est mieux, les morceaux se sont améliorés aussi. Tu vois, les morceaux se sont complexifiés d’une certaine façon, mais ils se sont aussi simplifiés d’une autre. Sur l’album, les refrains sont beaucoup plus voyants. Parce que l’EP, je trouve qu’il est hard à écouter.
RTD : « Requiem », la chanson qui ouvre l’EP était quand même beaucoup mélodique que ce que vous proposez sur l’album je trouve.
Joachim : Oui, c’est vrai. Y’a quelqu’un aujourd’hui justement qui nous a dit que l’album était plus dark que l’EP. Mais c’est du ressenti personnel, parce que lors de la création de l’EP, on était dans une phase beaucoup plus dark. Donc pour moi l’album est « beaucoup plus lumineux » et je mets des guillemets. Mais visiblement ce n’est pas le ressenti de tout le monde, et sûrement à raison.
Job : Ouais, parce que à ce moment-là, Jo était vraiment dans le mal (rigole). Mais tu vois, au cours de la journée, c’est ce qui est cool aussi avec ces journées promo parce qu’on échange avec les gens, on discute et finalement, avec FauxX, on trouve de la lumière en étant dans la noirceur. Ça nous permet de nous ouvrir et de nous éclairer en faisant du sale. C’est peut-être un peu paradoxal, mais c’est pourtant ce qu’on fait.
RTD : Comment s’est passée la composition de l’album ? Comment vous organisez-vous pour les morceaux ? Est-ce que toi de ton côté Job, tu fais tes parties de batterie et Joachim ses instrus puis vous voyez ensemble après ou vous composez en même temps ?
Job : Alors, on a deux façons de composer. Déjà on n’est pas du tout un groupe de Jam, on ne se retrouve pas en se disant « bon, on se rejoint et on voit ce qu’on fait ». Moi déjà l’improvisation, ce n’est pas quelque chose que j’aime. Et puis tu sais, Joachim c’est un peu l’homme-orchestre, il chante, il gère la basse à gauche, autre chose à droite. Donc ce n’est pas possible de se faire des sessions Jam. Donc c’est soit : moi je m’isole, et je cherche des grooves, des sensations… Ça peut être des choses très simples, des choses très compliquées, ou sinon, ça peut être des exercices de batterie. Par exemple, sur « Alt Light Rebirth », le premier morceau : l’intro c’est en fait plus ou moins des exercices de batterie que j’ai essayé de rendre mélodique. Au lieu de tout faire sur ma caisse claire, j’ai essayé de déplacer ma main sur la ride, et puis la caisse claire je ne l’ai faite que sur la main gauche, etc… Finalement c’est un sextolet que j’ai rendu musical. Je l’ai donc envoyé à Joachim après, et il ne s’attendait pas du tout à ça donc il a fallu qu’il fasse quelque chose dessus. Et ça lui apporte des plans auxquels il n’aurait pas pensé. Donc ça l’oblige à aller plus loin. Donc ça c’est intéressant et c’est notre première façon de composer. Deuxième façon de composer, c’est l’inverse, c’est Joachim qui travail ses ambiances et qui programme une batterie et qui me le balance et me dit « bah voilà ce que j’ai fait ». Donc là je zappe la batterie, je pose la mienne et j’essaie d’apporter autre chose. Puis suivant ce que je joue, il a d’autres idées…
Joachim : Oui, c’est un peu comme une conversation à deux, on s’envoie les idées puis on construit le morceau. Dès qu’il m’envoie ses idées, moi ça me fait changer le clavier, donc je modifie mon clavier, je lui renvoie et finalement on se retrouve un peu avec une pièce montée ou un mille-feuille comme en pâtisserie, tu vois ?
Job : Et donc c’est ça qui rend quelque chose d’unique sur FauxX. Parce que si c’était uniquement lui qui composait, et que je me contentais uniquement de reprendre ses fausses batteries exactement comme il les a posés, ce serait le groupe de Jo mais ce n’est pas comme ça qu’on fonctionne. J’ai besoin de le sortir de sa zone de confort, et j’ai besoin qu’il me sorte de la mienne.
Joachim : On se renvoie un peu les choses et c’est comme ça qu’on arrive au résultat final.
RTD : Et du coup pour le chant, comment procédez-vous ? Vous avez vos textes et vous construisez votre musique autour ou alors vous composés puis écrivez les textes en fonction de ce que la musique vous procure, des émotions que vous ressentez ?
Joachim : Ça vient souvent en dernier. Pour moi c’est un exercice nouveau, et ça vient une fois que le morceau est composé à 80/90 %, qu’il y a l’ensemble et que je peux me projeter sur un texte ou au moins sur un phrasé, un placement de voix, un nombre de pieds. Puis après, il y a l’écrit et la thématique.
Job : Mais c’est marrant parce que c’est son premier groupe au chant, et moi j’en ai connu des chanteurs hein, j’en ai bouffé. Eh bien il ne place pas du tout son chant de la même façon que les autres. Mais c’est musical, c’est bien ce qu’il fait mais encore une faux c’est différent.
RTD : Ça reste dans l’idée FauxX de faire différemment de tout le monde.
Joachim : Oui, un peu effectivement.
RTD : Vous venez de sortir, le 7 Mai dernier votre nouveau clip, « Alt light Rebirth », morceau qui ouvrira l’album. Il me semble d’ailleurs que c’est toi Joachim qui l’as fait entièrement …
Joachim : Oui, exactement, je l’ai fait l’année dernière, pendant le premier confinement, j’avais du temps (rigole).
Job : Que RiskTheDeath a eu la chance de voir en premier d’ailleurs, vous avez l’exclue là-dessus.
RTD : Oui, c’est vrai, merci encore d’ailleurs !!
Joachim : Oui, tu avais fait un petit papier là-dessus sur Facebook qu’était cool d’ailleurs, ça résumait bien le clip. Je ne m’étais pas posé la question de comment résumer ce clip mais c’est en voyant ton papier que je me suis dit « c’est exactement comme ça qu’il faut le résumer finalement » c’était vachement bien.
RTD : Merci beaucoup ! Du coup ce clip retrace les heures sombres de l’humanité et une partie des conneries ou débilités qui ont pu avoir lieu ces dernières années… C’est aussi ça que FauxX veut mettre en avant avec sa musique ? Tout le côté un peu « dégueulasse » de ce que nous pouvons ressentir ou faire ?
Joachim : Oui, c’est un peu, peut-être pas pousser les limites mais flirter avec les limites. Par exemple y’a un cinéaste que j’aime beaucoup, c’est Gaspar Noé. C’est un cinéaste qui est dur dans ce qu’il propose, qui pousse toujours mais ce n’est jamais gratuit. Et ce clip, je n’ai pas la prétention de me comparer à ce cinéaste, mais c’est un peu l’idée du clip. C’est aussi, même si ce n’est pas le même registre, « Orange mécanique » (NDLR : Film de Stanley Kubrick sorti en 1972), dans l’ultra violence, comment la société va forcer ce jeune délinquant qui a dépassé toutes les limites, à regarder des images ultra-violentes pour le dégoûter. Donc évidemment pour certaines personnes, ça peut être assez brutal, mais avec Job, ce sont un peu des thématiques que nous avons, à savoir la thématique de ce qu’est la limite, que ce soit sociétale ou non. Où sont les limites, où est-ce que nous pouvons nous arrêter, où est la censure, où est-ce que les choses deviennent vraiment dégueulasse, où est-ce qu’on bascule dans la limite « oh, non, là c’est vraiment trop, faut arrêter » et je pense que c’est un peu l’idée du groupe aussi.
RTD : La dernière chanson « Kill the Monster » nous parle d’une personne qui veut se débarrasser d’une douleur dans sa tête : est-ce la même douleur qui semble lui dire qu’il est une merde dans la chanson « Your Fury and Your Deception » ? Ces deux chansons sont-elles complémentaires ou sont-elles à prendre indépendamment ?
Joachim : Honnêtement, ça peut être le même thème sur deux pathologies différentes. Y’en a un, comme dans « Kill the Monster » qui peut être considéré comme un schizophrène, qui a une voix intérieure, une voix qui le harcèle et à un moment donné il va capituler et va rentrer en adoration avec cet être qui l’habite. Dans « Your Fury and Your Deception », ça va être un peu l’inverse, c’est plutôt un conflit intérieur. Quelquefois, on se parle tous à nous-même intérieurement ou même à voix haute. C’est vraiment une extrapolation de ce que peut être un conflit intérieur, quelqu’un qui est complètement rongé par un truc qu’il ne maîtrise plus du tout, cette petite voix qui devient totalement envahissante et qui à un moment donné lui dit « je suis ta tumeur, je suis ta furie, je suis ta déception » et qui à un moment donné se laisse totalement submergé par ça. Bien sûr, c’est extrapolé à l’extrême mais d’un point de vue pathologique et psychiatrique, ce sont des choses existantes.
RTD : Oui, notamment dans des cas de dépressions par exemple.
Joachim : Exactement, quelqu’un qui se laisserait totalement glisser dans la pathologie.
RTD : Maintenant, une question qui est peut-être plus dirigé vers toi Joachim, comment t’est venu l’idée de ce chant « habité » ? Était-ce une évidence d’avoir un chant inhabituel pour coller avec votre musique sombre et parfois « hantée » ?
Joachim : Oui, et pour la petite anecdote, j’avais fait les voix des morceaux tout seul, j’avais besoin de m’isoler pour faire les voix, et quand j’ai fait écouter ça à Job, il a tiqué sur un morceau. J’avais fait un essai, une proposition sur un morceau et Job m’a dit « ça ne va pas, c’est trop consensuel, ça ne va pas assez loin ». Sans même se concerter, Job a tiqué sur des morceaux sur lesquels je doutais déjà justement. Il me disait en gros « là, Joachim, tu n’as pas été assez loin, là tu peux aller plus loin et aller dans un truc plus dingue ». Donc tu vois, c’est plus ou moins voulu mais en même temps, c’est quelque chose qu’on cherche tous les deux. Je sais que personnellement y’a des groupes qui m’ont énormément marqué par ce que la voix était complètement dingue. Notamment dans le metal extrême, comme Attila, le chanteur de Mayhem qui est revenu dans le groupe. Lors de son premier passage dans le groupe, au début des années 90, quand tu écoutais ça, c’était complètement dingo. Tu te sentais totalement possédé quand tu écoutais ça avec ton walkman. Je crois que ça, ça m’a marqué et inconsciemment, et j’essaie de le reproduire.
RTD : Dans votre album, y’a-t-il une chanson qui vous tient particulièrement à cœur, y’en a-t-il une plus qu’une autre ?
Job : Moi, j’aime beaucoup « Alt Light Rebirth ». D’ailleurs pour moi, c’était une évidence qu’elle ouvre l’album, avec l’intro… Après « Their Garbage in the Heart », quand on l’a faite, on s’est dit « ah, ça c’est notre single », parce que c’est notre morceau le plus accessible de l’album.
Joachim : C’est vrai, il est construit : intro, couplet, refrain, couplet, refrain…
Job : Oui, il est composé comme de la pop music, le refrain revient toujours au même moment. Alors que « Alt Light Rebirth », je peux te dire, tu peux toujours y aller hein » (rigole). Y’a que le couplet qui est un peu pareil mais qui évolue au fil du morceau, on ne fait jamais la même chose, y’a toujours un petit truc en plus. J’aime bien « Duality » aussi puis j’aime bien notre instrumentale (NDLR : « Funeral Transhuman »).
RTD : Alors justement, je comptais y venir, pourquoi avoir choisi de placer cette chanson instrumentale au beau milieu de l’album ? C’était pour faire une sorte de transition, de liaison ?
Joachim : Oui, je ne sais plus quelle est la genèse exactement de ce morceau, mais j’avais une référence à ce niveau là. Mais je ne m’en suis rendu compte qu’après, en fait. Quand j’étais ado, j’ai énormément écouté Burzum. Et Burzum, c’était du black metal avec un clavier comme ça, hyper aérien, et à l’époque, ça avait été un truc de dingue. Il a été précurseur de ça et après, y’a eu tout un courant qui s’est rué sur ce style, et je crois qu’inconsciemment j’ai reproduit ça. C’est qu’au moment du mix que je me suis rendu compte que la référence de ce morceau là c’était ça. Ce côté hyper ouvert, limite sur l’espace quoi…
Job : Mais la musique se suffisait à elle-même. Dès qu’on l’a faite, je me suis dit « ouais, faisons une instru ».
Joachim : Ça va faire du bien ! Et puis une fois de plus, c’est un parti pris assez fort genre « on ne va pas essayer de faire des trucs en faisant rentrer des ronds dans des carrés, on va faire une instrumentale, et on l’assumera d’autant plus que ce sera un parti prit fort ».
RTD : Oui, ne pas se forcer à mettre un chant dessus juste pour mettre un chant.
Joachim : Oui, et puis, je ne sais pas si le morceau est réussi ou pas, mais en tout cas, c’est ce qui fait sa force. Si on s’était forcé à mettre du chant, des trucs, des machins, on l’aurait dénaturé et on aurait fait un truc un peu plus pop peut être, tu vois ? Parce que ce sont des accords très ouverts, et le morceau aurait sûrement été un peu plus moyen. Alors que là, même s’il est un peu différent, le parti prit est fort et ça reste dans la continuité de ce que nous avons voulu faire.
RTD : FauxX est-il un projet éphémère pour un album ? Ou plutôt un projet que vous voulez voir perdurer ? Avez-vous déjà des idées pour d’autres chansons, d’autres albums ?
Job : Là, on fini de travailler le live, mais on pense déjà à de nouvelles compositions. On analyse celui-là, on se dit qu’est-ce qu’on a bien fait, qu’est-ce qu’on a mal fait ? Quelles sont les erreurs de l’album, qu’est ce qui est bon ? Mais tout ça, nous on le sait déjà.
Joachim : Oui, moi j’ai déjà des maquettes de prêtes, avec 2020, la COVID et les confinements, j’ai eu le temps de penser à ça.
Job : Moi aussi j’ai des maquettes, sur mon téléphone j’ai plein de plans batterie que j’ai fait avec la bouche.
Joachim : On a hâte de pouvoir continuer, de proposer également de nouveaux clips. Parce que c’est aussi ça FauxX, des clips. On a déjà des idées avec Christophe, qui a fait 2 clips avec nous. À la sortie du clip « Their Garbage in Heart », on parlait déjà d’idées pour faire les prochains. Donc oui, tout ça aura une continuité puisque déjà, l’idée c’est de pouvoir défendre l’album sur scène et que ce ne soit pas juste un groupe comme ça.
Job : Et puis tu sais, on est vachement dans le genre « no stress ». Parce qu’avec nos âges respectifs, on va faire le projet du mieux possible, on fera ce qu’on a à faire, mais on n’a pas de plan de carrière, on n’est pas un groupe à vocation commerciale. On prendra ce qu’il y a et on va continuer à bosser, à développer notre univers sans souci.
Joachim : Dans ce genre de réseau, dans des univers en aparté comme le nôtre, on match immédiatement avec des gens qui comprennent notre univers. Tu vois, avec la sortie des deux premiers clips, on a déjà eu des retours d’autres groupes, de gens qui travaillent dans la profession, qui ont tout de suite capté le projet. Ils ont fait des commentaires, et quand tu lis les commentaires, tu te dis « ok, lui il a tout compris à notre univers ». Parce que ce sont des partis prit, des courants et aussi bien en tant qu’auditeur, que musicien, ou autre, tu as des affinités ou pas, et c’est ça qui va créer des liens. Autant avec des gens qui écoutent la musique, qu’avec ceux qui la font.
RTD : Le clip de « Their Garbage in the Heart » complétait bien le côté oppressant du morceau, ce côté suffocant, empêchant de respirer avec cette bâche transparente.
Joachim : C’était le but oui, et puis c’est un clip fait avec très peu de moyen.
Job : Ouais, zéro pognon.
RTD : Oui, une bâche, une caméra pour filmer, un peu de lumière et c’est tout.
Joachim : C’est ça, la scénographie nous a coûté huit euros.
Job : Oui, et là-dessus on a été très fort. Parce que quand tu vois le clip, tu as l’impression qu’il coûte plus cher que ça. Notre camera-man Christophe, qui est bien plus que ça, on peut même dire le réalisateur, il est super bon et s’inscrit totalement dans le projet. Mais dans les clips, le plus important c’est l’idée. Tu auras beau avoir tout le fric que tu veux, si ton idée de base n’est pas bonne, bah ça ne marchera pas. Et tu vois là, il va falloir qu’on fasse encore mieux après, mais no stress. On n’est pas stressé nous, on est content de faire ce qu’on fait, on n’a pas d’attente, on n’a pas d’obligation.
RTD : Juste se faire plaisir.
Les deux : Ouais ouais !
Job : Mais en faisant les choses bien attention.
Joachim : On est tout de même exigeant sur ce qu’on fait. Mais déjà, se faire plaisir. Les premières fois qu’on a joué ça sur scène, alors ce n’était pas pour de vrai, c’était en répétition bien sûre, durant notre résidence, ça nous a fait un bien fou. Mais quand on a pu faire ça sur scène, on s’est dit « c’est dingue », ça marche sur scène. On était limite en train de se dire qu’on allait tout pulvériser. Après je ne sais pas si on va tout pulvériser mais en tout cas, ça marche…
Job : À l’époque de l’EP, on s’était dit « on verra si on ferra des lives ou pas, peut être qu’en live ça n’ira pas et qu’on ne sera qu’un groupe de studio et c’est déjà très bien ». Mais en fait non non, pas du tout, on travaille dur le live, et on sait que ça sonne. Parce que à chaque fois on a joué devant 30 personnes, mais des personnes qui étaient là pour critiquer, pas des gens qui étaient là pour te cirer les pompes. Et à chaque fois on a eu les avis et les retours qu’on voulait.
RTD : Vous avez justement préparé le live à « Bonjour Minuit » durant votre résidence, à quoi pouvons nous nous attendre sur scène ?
Job : Là, on travaille la connexion entre la musique et la lumière. Donc c’est très long à faire, on travaille le son avec un sondier de qualité ; et on travaille les lumières avec notre lighteux et un intervenant extérieur, un pote à nous très très réputé dans le milieu, je ne citerai pas son nom, mais il a aimé le projet et il veut nous soutenir et nous aider. Donc on va bosser avec lui et il faut s’attendre en live à un show, je ne vais pas dire pointu mais un truc assez carré car on ne jouera pas un truc si on ne trouve pas ça suffisamment carré. Mais maintenant, à nos âges c’est normal, on sait ce qu’il faut pour faire un bon live, il faut bosser. On aura un bon son de façade parce qu’on va travailler dur pour ça. Et les lives seront raccord avec la musique. Les lives seront finalement le troisième membre du groupe. Ils vont aider à voyager un peu.
RTD : Ce seront des lives difficiles à faire en festival en pleine journée par exemple non ? Tu penses que ces conditions seront transposables à votre univers ?
Job : Tu sais, tous les groupes préfères jouer le soir. Mais je t’avouerais que si on nous propose la Altar l’an prochain au Hellfest à 11h, on ira. On fera comme tout le monde, si on a une proposition pour un festival ou un truc bien, on acceptera bien évidemment. On ne va pas commencer à refuser. L’important ce sera de tout envoyer au son et d’insuffler une grosse énergie même si on ne peut pas trop bouger, il se passe quand même des choses sur scène. Par contre ce qui m’inquiète, ce sont les petits lieux… Je ne sais pas ce que ça peut donner car il faut un système de son conséquent pour que la voix sorte bien, que les synthés soient bien repris.
RTD : Pour éviter de se retrouver avec une sorte de bouillie…
Job : Oui voilà, si c’est pour qu’on dise « c’était bien FauxX ? » « Ouais, mais on n’entendait que les cymbales et la caisse claire en fait… ». Bah mes couilles, ça n’en vaut pas la peine… Faudra peut être qu’on en fasse un pour voir ce que ça donne, mais j’ai un peu peur de ça. Mais de toute façon, vu mon activité à côté avec Tagada, on sera peut-être amené à faire moins de concert mais à en faire des plus conséquents…
Joachim : Créer de l’envie.
Job : Voilà, créer de l’envie. On ne va pas commencer à se booker avec FauxX tous les week-ends que j’ai de libre uniquement pour faire de la trésorerie. Ça ne nous sert à rien et puis ça use un groupe, quand tu fais des plans comme ça « un peu chiants ». Moi si tu veux, des petits cafés concerts, des squats, j’en ai fait pendant 20 ans, et Joachim aussi, donc maintenant place aux jeunes. On n’a pas d’attente particulièrement. Forcément comme tout le monde on a quand même envie que ça plaise, quand tu fais quelque chose artistiquement, tu n’as pas envie de te faire cracher à la gueule. Mais on n’a pas d’attente en particulier.
RTD : Avez-vous déjà des dates prévues ou c’est le flou total avec la situation actuelle ?
Joachim : C’est le flou. Ça commence un peu à parler mais rien de concret… Et c’est vrai qu’avec la promo et la sortie des clips, on commence à avoir quelques contacts avec des groupes mais rien de fait encore. Même eux ne savent pas trop. Donc tranquillement mais sûrement.
Job : On fera notre sortie d’album chez « Bonjour Minuit », ça c’est une certitude, ce sont nos partenaires donc on va produire la soirée avec eux donc ce sera sympa. On essaiera de faire venir un gros groupe qui jouera après nous peut être quand même, on ne va quand même pas heu… (rigole avec Joachim). Parce que si tu veux normalement quand tu fais ta release party, c’est toi qui clôtures la soirée, mais là non. Y’a le Novomax (NDLR : Salle de concert à Quimper) qui voulait de nouveau nous faire jouer avec Loudblast. Ça devait se faire cet hiver mais ça a été annulé et je pense que ça va se refaire. Donc ça nous fait deux plans. Puis on va essayer de trouver d’autres choses.
Joachim : Mais ça reste un peu flou…
Job : On fait comme tout le monde, quand on nous demande quand on jouera, on répond qu’on ne sait pas vraiment encore…
RTD : Et du coup, quand pourrons nous commander l’album ? Car il sort le 28 mai, mais on ne sait toujours pas où se le procurer.
Joachim : Pour tout te dire, à cause du COVID, la production des vinyles a prit un peu de retard, on a reçu les CDs, on est sur la préparation des tee-shirts, mais on va bientôt ouvrir les précommandes et communiquer dessus. On va sûrement faire des packs vinyle + tee-shirt, CD + tee-shirt, à un prix abordable pour que les gens puissent nous soutenir sans se ruiner.
Job : On se fait plaisir, on va faire vinyle couleur + tee-shirt à 27€. Tu vois, y’a des gens qui vendent leur vinyle à 22€. Nous le vinyle sera à 15€ et le tee-shirt à 12€, tu vois ?
Joachim : Mais on va communiquer là-dessus très bientôt.
(Depuis notre interview, le groupe à effectivement communiqué là dessus, et toutes les infos sont à retrouver ici)
RTD : Ok, super. C’est tout pour moi, merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions.
Joachim : Et bien super, merci à toi.
Job: Super Lilian, merci beaucoup !
RTD tient à remercier énormément FauxX pour leur bonne humeur et tout le temps qu’ils nous ont consacré ainsi qu’à l’Agence Singularités pour avoir rendu cette interview possible. Nous espérons pouvoir découvrir FauxX en live bientôt