Metallica : « 72 Seasons » – @Blackened Recordings

Metallica
« 72 Seasons »
Format : Album
Genre : Thrash metal
Pays : États-Unis
Label : Blackened Recordings
date : 14.04.23
Note : 3/5

Depuis leurs prises de risque avec “Load” (1996) et “St. Anger” (2003), Metallica nous a appris à redouter et à nous méfier de tous leurs nouveaux efforts. Alors depuis ces sorties, chaque nouvel album est considéré comme un évènement, et on espère à chaque fois que l’album sera bon et qu’on retrouvera peut-être des sonorités issues de leurs débuts. Néanmoins, cette nouvelle sortie marque (enfin) la contribution de tous les membres du groupe. En effet, malgré que le line-up de Metallica soit stable depuis l’arrivée de Robert Trujillo, c’est-à-dire depuis plus de 20 ans, celui-ci n’a jamais vraiment été intégré dans la composition des nouveaux morceaux. Aujourd’hui, et sur ce disque, on ressent que le bassiste a enfin trouvé sa place et qu’on lui a laissé suffisamment d’espace pour qu’il puisse s’exprimer (et notamment sur le titre “Sleepwalk My Life Away”). Mais on va y revenir!

 

L’écoute s’ouvre directement sur le morceau éponyme, 72 Seasons”. Une chanson façon rock en mid tempo avec une ambiance dark et pessimiste. Elle parle de nos 72 premières saisons de notre existence, soit nos 18 premières années, qui façonnent notre vie et notre personnalité dont les paroles tirent sur l’autodestruction. Mais cette chanson souffre de la même maladie que tout le reste de l’album : la longueur et la répétition. Avec son petit côté “Moth Into Flames” du précédent album “Hardwired… To Self-Destruct” (2016), la mise en place du titre et l’arrivée du chant sont très longues, tout comme la fin du morceau avec la répétition de boucles qui n’étaient pas nécessaire. Avec une partie guitare descendante à la Black Sabbath, “Shadows Follow”, aborde le combat et la lutte contre ses propres démons… sujet important et sûrement difficile quand on connaît l’histoire du groupe et notamment l’addiction (alcool) et les nombreuses cures de désintoxication suivies par James. “Screaming Suicide”, certainement l’une des meilleures chansons de ce disque (selon moi), et qui nous réconcilie avec les introductions grâce à son ultra-efficacité. Un morceau qui pourrait s’inscrire dans la new wave of British heavy metal avec un riff ascendant, contrairement à celui d’avant. Les paroles restent dans la continuité et suivent le fil rouge instauré par l’album, en exploitant un autre aspect de la thématique mise en place : l’importance de la confiance donnée et accordée lorsqu’on est enfant, et comment cela peut nous empêcher de se construire si on en est privé. L’intensité du chant de James Hetfield est très forte et dramatique, et ça rend le texte encore plus percutant et saisissant. Arrive l’agréable surprise de “Sleepwalk My Life Away”, qui se lance avec un dialogue réussi avec une batterie peut-être un peu en retrait mais avec une basse saturée qui a pleinement sa place. On trouve enfin un Robert qui prend la lumière, et qui l’espace d’une introduction, est très bien mis en valeur. Enfin une introduction longue mais qui a un réel intérêt. Dans cette projection, le morceau old-school est comme un rouleau compresseur, qui monte progressivement mais qui une fois lancé, rien ne peut l’arrêter et qui pose une ambiance écrasante et pesante avec un petit côté “Enter Sandman” dans le riff principal. Pour rester dans les ressemblances avec le Black Album, “You Must Burn!” a un  certain côté de “Sad But True” comme “Chasing Light”, mais ce premier n’est pas forcément mon titre préféré… et cela particulièrement lié aux vibratos de James sur les fins de phrases lors du refrain. On atteint la moitié de l’album avec “Lux Æterna” qui met en quelque sorte en pause la noirceur et qui contraste avec le reste de l’album. Une chanson de style vraiment thrash, comme un appel aux origines du groupe, et aux allures d’un Motorhead énergique. On a presque l’impression que les Four Horsemen sont lancés et plus démonstratifs pour nous en mettre plein les oreilles… et que les freins sont levés avec notamment un chant plus aigu et un solo palpitant (avec quand même une petite pointe de « m’as-tu vu? »).  Étonnamment, c’est une chanson très courte.

 

La trêve est de courte durée, car la souffrance et la douleur sont de retour avec “Crown of Barbed Wire”. La thématique du titre est liée à une référence religieuse, et notamment celle de la couronne d’épines portée par Jésus lors de son chemin de croix. Comme une sorte de comparaison avec leur propre histoire et de leurs années de carrière… avec un chant rythmé sur les mots et un petit côté “For Whom The Bell Tones”. Suivi par “Chasing Light” qui démarre (et qui fini d’ailleurs) avec un “there’s no light” presque crié par James, comme un cri d’enfant terrifié. En effet, puisque le thème ici, est l’histoire d’un petit garçon qui se retrouve détruit par le monde des adultes et dont la morale finale est un encouragement à affronter l’obscurité. C’est une chanson avec une tension cinématographique dans laquelle on retrouve l’ambiance posée dans “Screaming Suicide” avec des guitares connectées. Malheureusement, la longueur du morceau est le seul cheveu sur la soupe. Pour “If Darkness Had A Son”, James a confié que cette phrase était dans son téléphone depuis longtemps, et voilà, l’idée concrétisée. Un vrai morceau à la fois funky et groovy, et spécialement taillé pour le live notamment avec la répétition des « TEMPTATION » couplés avec un batterie lourde. Cependant il ne faut pas attendre l’arrivée du chant, car comme presque tous les morceaux, le chant n’arrive pas avant 1 à 2 minutes d’intro. Au contraire, on apprécie le temps d’expression du solo de guitare. On arrive dans le dernier quart de l’album, avec “Too Far Gone?”. Un titre rythmé en inspiration de Thin Lizzy, qui flirte avec le punk… avec un chant alternant entre mélodie et cris. “Room of Mirrors” reste dans la même lignée. Enfin, arrive la dernière chanson “Inamorata”, le plus long morceau de Metallica, en plus de 40 ans de carrière. Un final au tempo lent, mais qui aurait pu être largement tronqué. Même si il reste l’un des meilleurs de cet opus avec son introduction menaçante et son pont jazzy qui peut interloquer.

 

À la fin de cette écoute, qu’est-ce qu’il faut retenir? On ne peut pas dire que “72 Seasons” est le meilleur album des californiens. Mais on ne peut pas dire non plus que c’est un “St. Anger” bis : c’est un album qui comporte autant de forces que de faiblesses. Il est fait avec de bonnes intentions, même si l’accueil est très mitigé. Il ne faut pas regarder dans le rétroviseur et accepter que, même des groupes comme Metallica, vont vers l’avant en utilisant des sonorités plus modernes. Malheureusement, “72 Seasons” hérite des points négatifs de son prédécesseur, c’est-à-dire des compositions qui ont du mal à aller droit au but, et donc trop longues et répétitives. On ressent une vraie noirceur dans les textes, des lignes vocales surprenantes qui se renouvellent titre après titre et une guitare soliste qui (sans wha-wha) est fort agréable par moment. Finalement, les meilleurs singles sont presque ceux dévoilés avant la sortie de ce nouvel effort. Conclusion, “72 Seasons” est ni totalement fantastique ni complètement mauvais : chacun voit midi à sa porte. Mais une chose est sûre, à ce stade de carrière, les metalleux n’ont plus rien à prouver… et surtout plus rien à perdre!

Tracklist : 

1. 72 Seasons

2. Shadows Follow

3. Screaming Suicide

4. Sleepwalk My Life Away

5. You Must Burn!

6. Lux Æterna

7. Crown of Barbed Wire

8. Chasing Light

9. If Darkness Had a Son

10. Too Far Gone?

11. Room of Mirrors

12. Inamorata

2 réflexions au sujet de « Metallica : « 72 Seasons » – @Blackened Recordings »

  1. C’est sûr qu »ils n’ont plus rien à prouver… ni à proposer ! Ils refont ad vitam aeternam ce qui a fait ses preuves pour toucher le max de gus et du coup jouent un truc hyper usé sans attrait.

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