Après 3 albums très remarqués, Locomuerte revient en force en 2023 avec un nouveau line-up et réenregistre ses grands classiques sur « Los Clasicos De Locos », un LP avec un titre inédit « La Vida Loca » sorti en avril. Le groupe sortira un tout nouvel album « Parano Booster » en 2024. Le bassiste Nico Loco nous en dit plus…
Locomuerte revient en 2023 avec un nouvel album et un nouveau line-up : est-ce que tu peux commencer par présenter le groupe (pour ceux qui ne vous connaissent pas encore)? Et ses nouveaux membres?
On est Locomuerte, groupe de thrash punk crossover Chicano originaire de Tijuana dans le 91 ! Nous sommes très heureux d’être de retour avec « Los Clasicos de Locos » qui est plus un nouveau disque qu’un nouvel album dans le sens où nous avons voulu re-enregistrer nos titres préférés du premier album « Maquina de Guerra » et du deuxième « Tracion Bendicion » avec notre nouveau line-up : El Termito (chant) chante ces morceaux depuis 2014 sur scène mais on n’avait pas d’enregistrement, El FLoco (batterie) qui est le dernier arrivé dans le groupe a réussi l’exploit de garder l’esprit d’origine des morceaux tout en les boostant grave avec son jeu de batterie super solide et musical. Pour El Mitcho (guitare) et moi-même Nico Loco (basse) c’était un gros kiff de rejouer ces morceaux en studio en leurs donnant encore plus de rage avec aussi quelques petits arrangements par-ci par-là. Le résultat est vraiment muy brutal ! On est heureux que les gens qui ne connaissent pas Locomuerte découvrent notre le groupe avec « Los Clasicos [de Locos] ». Nous avons quand même enregistré un nouveau titre « La Vida Loca » pour faire patienter ceux qui nous suivent depuis le début avant le prochain album « Parano Booster ». Faire ce disque était un bon échauffement avant de se lancer dans la réalisation du nouvel album. C’est un bon moyen pour nous de trouver plus de dates et ça nous a permis de trouver un tourneur. Kriss de Maximum Tour avait adoré le disque et ça l’a décidé à nous signer.
Vous définissez votre musique dans un style « thrash punk crossover HxC façon Chicano » : mais qu’est-ce que ça veut dire finalement?
Quand on a créé le groupe en 2009 on avait envie de faire une musique super vénère et efficace pour s’éclater. L’idée c’était de revenir aux sources, faire un truc bien rock and roll à la Motorhead mais qui swinguer à mort façon thrash crossover à la Suicidal Tendencies période « Light Camera Revolution ». C’était l’idée de base car cette musique rassemble tout ce que l’on aime. Notre ancien chanteur, Nox, était un gros fan de Reggaeton. Il avait composé chez lui 24 titres façon Don Omar, Julio Voltio, ça groovait grave. On lui a proposé de venir jammer en espagnol sur nos riffs et c’était magique direct ! C’était exactement la musique qu’on voulait faire. Nous avons commencé à composer des chansons en répète en improvisant, des titres simples et efficaces en privilégiant le swing et l’énergie avec un chant super latino dans le flow. On a trouvé notre truc comme ça, naturellement sans vraiment le chercher. On s’éclatait grave en jouant ces riffs vénères et groovy. On a tous apporté nos petits ingrédients particuliers, nos influences digérées mais en gardant une ligne directrice, la salsa Locomuerte. C’est ce qui donne un son et une personnalité assez unique à Locomuerte. C’est le Chicano Mosh Style carnales!
Votre musique est teintée d’influences des années 80/90 avec des groupes tels que Suicidal Tendencies, Anthrax ou encore Agnostic Front : qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ces groupes et dans leur musique (et qui se retrouve donc dans vos compositions)?
Avec El Mitcho on a grandi en écoutant ces groupes. Ce qui nous plaît dans leur musique c’est leur authenticité, leur énergie et leur groove. C’est des musiques qui ont un swing et une énergie incroyable qui te poussent à bouger quoi qu’il arrive. C’est quand même Anthrax qui est à l’origine du terme « Mosh » ! Et en plus ils sont capables d’écrire de très bonnes chansons qui se retiennent très bien avec des refrains qui déchirent, c’est carrément des tubes ! Donc tous ces ingrédients nous parlent et nous avons toujours ça en tête quand nous composons. On imagine les gens en train de danser et de chanter, d’ailleurs les premiers à danser et chanter sur Locomuerte c’est nous ! Si un morceau ne nous donne pas envie de bouger c’est que ce n’est pas du Locomuerte. Pour ce qui est de Suicidal Tendencies c’est vraiment particulier car il représente tous ceux qu’on peut avoir de génial dans un groupe : une musique qui déchire, un son original et personnel, un look qui tue et une relation très « famille » avec l’entourage du groupe et les fans. ST c’est l’esprit gang dans le bon sens du terme. C’est pour cela que nous disons souvent que Locomuerte est un hommage à ST, notre musique ne ressemble pas vraiment à la leur mais nous avons les mêmes racines je pense. Le point commun entre ST et Locomuerte c’est vraiment le swing et l’énergie positive… Et les bandanas bien sûr ! On a eu la chance de jouer avec eux et c’était un rêve de gosse qui se réalisait, en plus ils étaient vraiment hyper cool. On est aussi en contact avec Louichi Mayorga, membre originel de Suicidal, et de Luicidal. Il nous a fait le grand honneur de faire une publication sur Locomuerte sur sa page Facebook en nous présentant comme les porte-étendards de la West Side Familia en France. C’est vraiment énorme pour nous.
Toutes les paroles des chansons de Locomuerte sont écrites en espagnol alors que le groupe est français : pourquoi ce choix de langue? Est-ce parce que les membres du groupe ont des origines espagnoles, peut-être ?
Absolument pas ! Personne n’a des origines latino dans le groupe. Mais ce n’est pas grave nous on adore cette culture. Finalement tous les gars qui font du hardcore en France n’ont pas des origines New-Yorkaises ! C’est vraiment un choix musical car on adore le groove de l’espagnol sur les riffs. Notre premier chanteur Nox composait des morceaux dans ce style super groove et ça nous a paru naturel. Le truc génial avec l’espagnol c’est que ça transmet une vibe très positive, quoi que tu dises dans le texte ! Par exemple si tu dis « suce moi la bite » en français dans ta chanson ça sonne pas cool et vulgaire alors que si tu dis « Chupa me el pito » c’est tout de suite plus fun et ça te donne envie de danser ! Tu peux dire les pires choses et ça passe toujours en espagnol. Les mexicains ont des tas d’expressions excellentes et très drôles. En plus on adore la culture chicano, le visuel, le look, les lowriders, c’est aussi très en rapport avec la scène de Venice Beach qui nous a beaucoup influencée.
Sur votre troisième album « La Brigada de los Muertos« , vous avez enregistré une reprise de « L’œuf » de Lofofora, que vous avez rebaptisé « El Huevo » : la traduction du titre de la chanson ainsi que des paroles, a été faite dans le but de coller à votre univers? Pourquoi le choix de cette chanson? A-t-elle une signification particulière pour le groupe ou est-ce juste une proposition de reprise?
Il se trouve que Phil le bassiste Lofofora nous suit depuis notre premier album « Maquina de Guerra », je ne sais pas comment il a eu notre disque d’ailleurs mais c’est un peu devenu notre « parrain » et c’est un grand honneur. On est des fans de Lofo depuis la première heure. On allait souvent les voir en concert et on prenait une leçon sur « comment faire un concert qui tue » ! Avec Locomuerte on a donc eu la chance de les rencontrer, Phil est venu nous voir sur scène et on a aussi fait leur première partie sur plusieurs dates. Un soir sur un concert du Bal des Enragés, on était en backstages avec eux et Phillus dit : « pourquoi vous ne feriez pas une reprise de Lofo version Loco sur votre prochain album ? ». J’étais aussi honoré que sous pression ! J’ai dit « Tu es sûr ! Ça met la pression quand même ! ». On a évidemment accepté le challenge. On s’est dit que « L’œuf » serait un bon choix. Du coup on s’est mis au travail avec notre chanteur El Termito, il a fidèlement traduit le texte de Reno qui est magnifique et malheureusement toujours d’actualité. Par contre, on a considérablement augmenté le tempo pour rendre le titre vraiment Loco et coller à notre style de groove. C’était super et ça marchait bien, par contre comme le flow de chant est très fourni, El Termito a dû user de tout son talent pour le passer ! Franchement le résultat est top mais quand il a commencé à tester le flow j’ai halluciné qu’il y arrive ! C’était vraiment chaud, un vrai exploit ! On a fait une maquette et Phillus est venu l’écouter chez moi, c’était assez intense comme moment ! Ce n’est pas tous les jours que tu dois faire écouter ta version d’un morceau hyper culte au mec qui l’a composé et qui est assis à côté de toi ! Phil a trouvé la version super et Lofofora nous a autorisé à l’enregistrer. Un incroyable moment pour nous qui sommes fans. Et la cerise sur le gâteau des fans que nous sommes c’est quand on a vu Lofofora sur la mainstage du Hellfest jouer « L’œuf » mais avec notre arrangement et notre tempo ! Incroyable, un moment inoubliable.
Votre dernier album « Los Clasicos de Locos« , est sorti le même jour que « 72 Seasons« , le nouvel album de Metallica : la date de sortie de cet album était prévue en connaissance de cause? Ou est-ce purement une coïncidence? Pourquoi sortir un album de réenregistrements de vos classiques?
C’était totalement calculé ! On s’est dit « on va voir qui va en vendre le plus ! ». Non je déconne c’est un hasard total ! Mais ça tombait bien car on est tous ultra fans de Metallica bien sûr ! On a un immense respect pour ce groupe qui vient, ne l’oublions pas, de la scène underground du Thrash et qui a eu un parcours exceptionnel. Toute notre vie a été rythmée par les albums de Metallica même avant qu’on sache jouer d’un instrument. C’est toujours super marrant du coup quand tu sors ton disque le même jour ! Ça fait deux fois que ça arrive ! La dernière fois c’était pour notre deuxième album « Traicion Bendicion » qui était sorti en même temps que « Through the Never ».
Il a été chroniqué par le très connu Professeur Laurent Karila, qui ne cache pas « son addiction » pour les musiques extrêmes : est-ce que vous avez été « flatté » par cette chronique, notamment au vu de sa notoriété?
C’est Stéphane Buriez qui nous a dit que Laurent Karila kiffait grave Locomuerte, on était super contents. Au-delà du fait qu’il est très connu, c’est surtout un amoureux du metal et un connaisseur donc ça fait toujours extrêmement plaisir. On s’est rencontré sur des concerts c’était excellent de discuter avec lui, il a une grande culture musicale. Il nous a dit qu’il avait chroniqué notre album, on a été surpris puis forcément ravis ! Bon apparemment il a vraiment aimé le disque c’est génial. Il veut venir nous voir sur scène, on espère qu’on pourra organiser ça bientôt !
Le morceau “La Vida Loca” est donc le seul nouveau titre de cet album : est-ce que tu peux nous en dire un peu plus? Pourquoi ne pas l’avoir intégré au futur prochain album?
Ça faisait longtemps que nous n’avions pas sorti de disque et le fait de re-enregistré d’anciens titres était un projet qui nous motivait grave mais on savait que les gens qui nous suivent depuis le début et qui ont les anciens albums voudraient de nouveaux titres de Locomuerte. Ça tombe bien car nous on adore composer. On avait déjà commencé à travailler sur le prochain album et on s’est dit que le titre « La Vida Loca » serait parfait pour faire patienter nos fans. C’est un morceau plein d’énergie positive qui parle de vivre sa vie à fond. En plus sur un concert on a fait une super rencontre avec William Wolf, qui est un catcheur et un fan de metal. Il a une équipe de catch qui s’appelle la Metal Mafia. Il nous a demandé de lui faire un son pour son entrée de catcheur, on a accepté bien sûr et on lui a proposé de faire un clip avec nous. On voulait faire un truc bien Loco pour « La Vida Loca » et le catch mexicain, la lucha libre, c’est un truc de taré. Du coup on s’est dit que c’était parfait comme sujet pour illustrer le morceau. L’esprit c’est d’être libre de faire ce que tu veux pour avoir une vie intense, même des trucs qui peuvent paraître risqués voir débiles parfois. Alors on est parti un scénario dans lequel El Termito doit combattre un énorme catcheur pour conquérir le cœur d’une femme alors qu’il n’est pas catcheur du tout ! On a travaillé avec des catcheurs pros de la Metal Mafia Crew et Gornoss a fait des images incroyables pendant les combats. El Termito a carrément assuré, il a appris des techniques de catch en une journée et c’était génial ! El Termito c’est vraiment notre héros, à chaque fois, on le met dans des situations totalement folles et il s’en sort toujours au top ! En plus il repart toujours avec une très jolie señorita !
Vous avez annoncé qu’un nouvel album « Parano Booster » été déjà en préparation et qu’il sortirait en novembre prochain : pourquoi sortir un nouvel album aussi tôt, c’est-à-dire moins d’un an après « Los Clasicos de Locos » (sorti en avril 2023)?
Parce que nous les chicanos du barrio 91 on est toujours super caliente ! Bon en fait nous avons décalé la date de sortie pour début 2024 pour « Parano Booster », notre tourneur Kriss pense effectivement que nous avons beaucoup de travail avant pour défendre « Los Clasicos de Locos » sur scène. Ça nous laisse plus de temps pour peaufiner le prochain album. On a vraiment des bombas de titres dans les nouvelles compos alors on va les bosser à mort pour que ce disque soit succulent et épicé comme un bon taco au piment, ça va arracher on vous prévient ! Les instruments sont déjà enregistrés au moment de cette interview. El Floco a vraiment apporté beaucoup au groupe avec des parties de batteries vraiment vénères, tout en gardant le swing qui caractérise notre musique. El Termito rentre bientôt en studio pour enregistrer ses parties de chant qui sont plus folles et plus groovy que jamais. On s’est vraiment éclatés à composer cet album, on avait vraiment le feu comme au début mais avec plus d’expérience et de maturité. On a gardé la salsa Locomuerte tout en continuant à évoluer. On a pu aussi incorporer, grâce au jeu d’El Floco, encore plus de parties speed thrash pour le plus grand plaisir de notre riff master El Mitcho. On s’est même fait un petit plaisir en intégrant un riff qui date de 1989 en hommage à Damaged, le groupe de thrash de notre guitariste. Ça va mosher dans la casa ! Le groupe est très soudé humainement et musicalement, on a vraiment hâte que « Parano Booster » sorte et de jouer les titres sur scène, c’est vraiment des morceaux conçus pour danser le Chicano Mosh dans le pit carnales.
Comme presque la majorité de vos albums, il sera mixé et produit par Stef de Loudblast et HK au Vamacara Studio : comment s’est passée votre rencontre/collaboration, d’autant plus que Stef et HK sont plutôt connus pour leur côté plutôt death metal?
On a rencontré Stéphane il y a longtemps, il nous suit depuis le premier album, il a toujours kiffé le groupe et il nous a toujours beaucoup encouragés. Stéphane est une figure emblématique du metal, il a une carrière énorme donc c’était très motivant pour nous qui sortions du pur DIY. Il nous a proposé de bosser avec nous en 2014 pour « La Brigada de Los Muertos » et c’était un grand plaisir. Quand en 2022 on a voulu passer à la vitesse supérieure avec Locomuerte, on a très naturellement contacté Stef pour revenir sur le devant de la scène. On a eu droit à une phrase du style « ah ben ce n’est pas trop tôt les mexicains du 91 ! Bon, mettons-nous au travail ! » hahaha. On avait déjà commencé à composer des titres mais il pensait, et il avait raison, que plein de gens n’avaient jamais entendu nos vieux titres qui étaient super efficaces. Du coup, on voulait faire un EP avec quelques anciens morceaux. Comme on avait trop de mal à choisir, on a finalement décidé d’en enregistrer 10 plus un inédit, « La Vida Loca ». Comme aujourd’hui Stéphane a intégré l’équipe du Vamacara Studio, il nous a présenté Nico HK avec qui ça a tout de suite collé. Niko HK est vraiment doué et il a bien compris le son qu’il fallait pour Locomuerte. En plus les studios sont très bien équipés et à 20 minutes de chez moi ! On a pu ce faire un galop d’essai tous ensemble pour « Los Clasicos » et le résultat est carrément top. On est tous motivé pour mettre la barre encore plus haut sur « Parano Booster ». Par rapport à ta question sur leur côté « death metal » Stef et Niko sont de grands passionnés de musique au sens large avec une grande culture donc ils ont toutes les références pour ne pas produire que du death metal.
Le groupe va se produire au Hellfest, sur la Hellstage, le 15 juin prochain : comment appréhendez-vous ce concert? A-t-il un goût différent pour vous?
On est ultra caliente !! Tous nos derniers concerts ont été incroyables, on a un super accueil et les gens s’éclatent vraiment. Ils viennent nous voir après le show pour nous féliciter particulièrement ceux qui nous découvrent et c’est super agréable et motivant. On voit de plus en plus de locos qui nous suivent maintenant aussi alors c’est la fiesta dans le pit. Le Hellfest c’est LA grande messe du metal. On a déjà joué pour la soirée d’ouverture en 2012 et c’était vraiment dingue, il y avait 6000 personnes qui étaient à fond dès le premier morceau. Le Hellfest a un public en or, tout le monde est à fond pour faire la fiesta pendant 3 ou 4 jours et célébrer comme il se doit le culte du metal qui nous unis tous ! C’est toujours un plaisir de voir autant de gens de la même communauté s’éclater dans la même énergie quel que soit leur sexe, leur couleur, leur âge, leurs préférences musicales. Il faudrait que la vie soit comme ça ! C’est aussi un festival qui accueille beaucoup de gens du monde entier donc ça permet aux groupes français de se faire connaître par un public international. Nous on chante en espagnol donc c’est génial de croiser des metalleux du Pérou, d’Argentine, du Mexique qui viennent te dire qu’ils adorent ton groupe et de prendre des photos avec eux, c’est juste terrible pour des gringos du 91. En tout cas, on a préparé un gros set pour le Hellfest OFF le mercredi soir, on joue à 19h comme ça on sera bien chaud pour la Hellstage le 15 à 15h !!! Ça va être muy brutaaaalll ! On vous attend les Locos !
En remerciant, Alexandre de M&O Agency pour l’opportunité de cette interview; merci également à Locomuerte et particulièrement Nico Loco pour ses réponses et son temps…