Cattle Decapitation : « Terrasite » @Metal Blade Records

Cattle Decapitation

Terrasite

Format : Album

Genre : Death metal

Pays : États-Unis

Label : Metal Blade Records

Sortie : 12.05.23

Note : 5/5

Les prophètes de l’apocalypse connus sous le nom de Cattle Decapitation sont de retour avec leur 10ème album. Death Atlas” nous avait laissé dans un monde en cendre avec nos corps calcinés par les flammes et maintenant près de 4 ans plus tard, le monde que nous avons connu n’est plus.

Bien des choses ont changé, le monde a évolué et le mal qui en a surgit est appelé le « terrasite ». Ce mot inventé par le frontman du groupe Travis Ryan, se décompose en 2 parties : « terra » qui signifie “terre” et « site » qui est un dérivé du mot grec -sitos qui signifie “nourriture”. Vous l’aurez compris, “terrasite” est un jeu de mot avec le mot « parasite », ce qui n’augure rien de bon. L’artwork de Wes Benscoter en est la parfaite interprétation : une entité inconnue qui naît de notre corps (vous vous souvenez de la fin de “Death Atlas”). La suite est lancée et le présage n’en est pas réjouissant. Nous avons tous entendu le vieil adage selon lequel le cafard est si envahissant… si accablant… si insidieux… qu’il pourrait survivre à une guerre nucléaire… Notre précédent album, “Death Atlas”, a laissé le monde noirci et sans vie. Il s’avère que quelque chose de bien plus vicieux est à venir : l’Humanité 2.0. Sur la couverture, nous voyons le Terrasite alias “le mangeur de terre”, muer de son oothèque. Après avoir vécu l’existence tortueuse d’être humain, il est maintenant réapparu dans un nouveau monde et confus… Il renaît comme une nouvelle variante de la maladie humaine, maintenant adaptée pour continuer et finir le ravage total de sa planète natale, la Terre. “Terrasite” est bien évidemment un concept initié par le groupe, mais avec cet album le groupe en profite pour en mettre une autre couche en dénonçant les humains, comme étant la première source de dégradation et d’extinction de la planète.

Le premier single dévoilé par le groupe “We Eat Our Young” donne le ton :
“Homo sapiens have made it perfectly clear
We can’t control ourselves
Is this not a cesspool… Our toilet earth ?
That we’ve crafted for our progenies ?”

De même avec le second single dévoilé “Scourge of the Offspring” :
“A swift and deadly virus has once again emerged
Blessed upon humankind to control the surge
We are the scourge”

Le message est clair, on en prend plein notre grade, et à titre personnel j’estime que c’est mérité. Maintenant que vous avez compris le thème, passons à l’intérêt principal de la chronique, qui est bien entendu… la musique. 10ème album pour les américains, et ils ont sûrement plus rien à prouver? Justement si! “Death Atlas” avait pris un virage plus mélodique, que ce soit musicalement ou bien vocalement, mais c’était un peu surjoué à mon goût, ça manquait d’authenticité. Et l’album était un peu décevant malgré qu’il soit un très bon album de death metal, death grind, grind core… Bref vous voyez de quoi je parle. L’album s’ouvre avec “Terrasitic Adaptation” et le moins que l’on puisse dire c’est que le groupe a vu encore plus grand qu’auparavant : la mise en scène est fabuleuse, c’est comme si on assistait à la naissance de cette entité (le terrasite), symbolisée par le hurlement presque inhumain de Travis Ryan et la déflagration sonore qui suit. Les musiciens s’en donnent à cœur joie et ça donne envie de se replonger dans l’Apocalypse. Le ton est donné, le groupe ne perd pas de temps et on en prend avec ses premières minutes : une bonne dose de violence bien maîtrisée. Justement, ce qui frappe d’entrée c’est la maîtrise exemplaire de tous les membres du groupe. Les riffs sont précis et ultra techniques, la batterie frappe très fort sans avoir l’impression d’y aller à fond ; et encore une fois le frontman fait mouche, la facilité qu’il a à switcher entre sa voix d’extraterrestre et ses growls « naturels » est une nouvelle fois bluffante. Ce sont 5 minutes de haute volée que le groupe a envoyées pour l’ouverture de ce “Terrasite”.

 

We Eat Our Young” le premier single dévoilé de l’album et une nouvelle fois on prend une sacrée leçon ! J’ai analysé cette piste des dizaines de fois, et si vous écoutez bien, la première minute et demie de cette chanson est tout simplement parfait. Entre les riffs, la batterie, les voix, la structure ainsi que la production/mixage, on tient ici une démonstration sans faille de comment le death metal doit sonner. Ça a l’air simple mais c’est justement parfait. Je vous rassure, le reste du morceau est tout aussi bon. La troisième piste de l’album “Scourge of the Offspring” et second single dévoilé par le groupe est différent car il montre un côté plus mélodique : attention, quand je dis « mélodique » ne vous attendez pas à du chant clean et des guitares acoustiques, le groupe incorpore plus de profondeur dans les refrains et justement cette chanson en est le parfait exemple du bon dosage entre accalmie et brutalité. “The insignificants” est comme vous l’aurez certainement compris une chanson qui s’attaque à l’espèce humaine car l’humanité et la dégradation de l’humanité sont les sujets principaux de cet album. Ici, le frontman ne met pas de gants et balance tout ce qu’il pense. La chanson se conclut par la phrase “human is an animal (we’ve always been the virus, it’s Always been inside us)”. La conclusion de ce morceau est vraiment très réussie, le groupe incorpore en arrière-plan un effet apocalyptique qui appuie encore plus sur le thème, l’équilibre est vraiment maîtrisé. “What a time to be alive…” sont les premiers mots scandés par le frontman pour la chanson “The Storm Upstairs” et on est vraiment très proche de la réalité, si on y réfléchit bien. Ce morceau est certainement le plus complet de l’album, le groupe joue avec le rythme et se régale. L’introduction et la conclusion sont plus en mid tempo, alors que le couplet est bien plus énergique. Et que dire du monstrueux break ? La basse et la guitare se renvoient la balle pour finir en beauté. Une vraie osmose s’en dégage. À noter que j’ai énormément apprécié le son, c’est à mi-chemin entre le sale et la superproduction. C’est jouissif ! “… And the World Will Go on Without You” offre une approche plus blackened death au groupe, c’est un peu plus extrême qu’à l’accoutumée mais parallèlement le refrain est l’un des plus mélodieux de l’album. Le contraste est passé comme une lettre à la poste. L’intelligence de l’écriture se remarque en particulier sur cette chanson. “A Phobic Doom” est une petite pépite. On pourrait aux premiers abords dire que c’est du pur Cattle, mais le soin apporté à l’évolution du refrain est très bien pensé. Le refrain final est l’apogée du son que le groupe a créé : le mix parfait entre brutalité et mélodie. “Dead End Resident” est pour le coup du pur Cattle. Ni plus ni moins.

Solastalgia” et “Just Another Body” sont les deux dernières pistes de “Terrasite”. Ces deux-ci se complètent énormément car elles font face à l’extinction de l’espèce humaine et donc à la fin du monde. “Solastalgia” parle plus des causes et “Just Another Body” des conséquences. Musicalement c’est vraiment du haut vol. En particulier sur “Just Another Body”. C’est comme si on était content d’assister à la fin du monde avec eux (musicalement parlant bien évidemment). C’est la chanson la plus longue de l’histoire du groupe (10 minutes au compteur), mais celle-ci se divise en 3 actes. Le premier est plus cinématographique, le second est du pur Cattle bien extrême et le dernier acte est la dernière surprise de l’album. Ce dernier acte montre une nouvelle facette du frontman, en effet c’est la première fois qu’on peut l’entendre avec des « clean vocals », et je trouve que ça rend super bien. La dualité entre la voix d’extraterrestre et la voix claire est sans égale. Une conclusion épique et magistrale.

 

Cattle Decapitation prouve avec cet album qu’avec plus de 25 ans au compteur, ils peuvent toujours nous surprendre. “Terrasite” est certainement l’album du groupe le plus intense de leur carrière. Il est extrême, mélodique avec un équilibre parfait mais surtout dans la performance vocale violence et sincère. L’apocalypse n’a jamais autant sonné aussi bien.

Tracklist :

1. Terrasitic Adaptation
2. We Eat Our Young
3. Scourge Of The Offspring
4. The Insignificants
5. The Storm Upstairs
6. …And The World Will Go On Without You
7. A Photic Doom
8. Dead End Residents
9. Solastalgia
10. Just Another Body

 

Photo crédit: Nick Van Vidler

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