The Ocean
« Holocene »
Format : CD
Genre : Post metal
Pays : Allemagne
Label : Pelagic Records
Date : 19.05.23
Note : 4/5
The Ocean a toujours été, pour moi, un murmure lointain, d’un groupe qui pourrait me plaire mais auquel je n’ai pas eu le courage de porter une oreille, ne sachant jamais trop comment appréhender toute la vague « Post metal ». Ce groupe (à l’instar aussi de Cult of Luna), nécessite d’être concentré à 100% sur l’écoute pour profiter pleinement et entrer dans l’univers du groupe, afin de l’apprécier à sa juste valeur. C’est malheureusement quelque chose qui est assez difficile à faire et qui nécessite du temps. Je plaide donc coupable pour ne pas avoir suivi la vague depuis le départ ! Cependant, un tournant a eu lieu lorsque je suis tombé, en 2018, sur « Phanerozoic I: Palaeozoic« . Le paléontologue en moi a tout de suite voulu se pencher dessus, avec ses titres tirés des périodes du Paléozoïque (ère Primaire pour ceux de l’ancienne école). La démarche m’a plu, avec des ambiances qui collent bien aux « évènements » des différentes périodes, couplées à des paroles assez poétiques mais qui ne permettent de faire le lien avec le titre qu’avec pas mal de connaissances et avec une vue assez haute. Je pensais le cycle terminé puisque l’album suivant « Phaneroizoic II: Mesozoic | Cenozoic » se conclut par le titre « Holocene« , qui est la dernière (et actuelle) période géologique. J’ai découvert avec surprise que The Ocean avait finalement opté pour une trilogie, avec un album centré exclusivement sur cette dernière période : « Holocene« .
Avant d’entrer dans le côté musical, une chose m’a pas mal perturbé en découvrant « Holocene« , se sont les titres. La classification a changé il y a quelques années et la dénomination des étages de l’Holocène n’est plus du tout celle des titres de l’album. Ces étages ne sont plus que 3 maintenant : Greenlandien, Northgrippien et Méghalayen (c’était le petit point culture G). Je conçois tout à fait que 3 titres, ça fait un peu léger et que le groupe ai voulu garder les anciennes divisions pour se donner plus d’espace et de liberté, mais j’ai été surpris. De plus, il y a également 3 titres qui ne sont pas des étages géologique : « Sea Of Reeds« , « Unconformities » et « Parabiosis » ! Fini la théorie, on passe à la musique ! Comme je l’ai évoqué plus tôt, le groupe évolue dans le post-metal, que j’ai tendance à qualifier de « metal extreme progressif » (je sais bien que c’est beaucoup plus complexe que ça, mais j’aime bien simplifier les choses). Forcément, la musique va être complexe et il faut du temps pour l’apprécier à fond. Un constat que j’ai pu faire rapidement c’est la montée en puissance de l’album au fur et à mesure. Les premiers titres, notamment « Preboreal » et « Boreal« , sont très posés et axés sur le duo basse/batterie, avec des guitares très en retrait, le chant est également clean. Les growls arrivent seulement à la toute fin de « Atlantic » qui est le 4ème titre. Les gros riffs arrivent d’ailleurs en même temps pour des morceaux bien plus puissants et qui se rapprochent de ma définition toute personnelle du post-metal.
« Preboreal » et « Boreal » sont très proches et auraient pu être regroupées en une seule chanson plus longue sans soucis. Les structures rythmiques sont assez similaires, pour autant qu’on puisse le dire dans un contexte progressif avec de superbes parties de batterie qui agissent quasiment comme des riffs de guitare ! « Preboreal » inclut une partie parlée d’un poème en français, tiré de « Poésie, II » par Isidore Ducasse (dit comte de Lautréamont) en 1870 (second point culture G de cette chronique). Les titres s’enchaînent sans coupures et on a presque l’impression d’écouter une seule longue chanson. Mon titre préféré de l’album est (encore une fois), le plus long : « Unconormities » qui débute avec la chanteuse norvégienne Karin Park qui livre une performance envoutante avant d’aller vers des growls et augmenter le tempo avec une bonne dose de double pédale. Cette chanson résume à elle seule l’ensemble de la musique du groupe, du plus atmosphérique au plus extrême, une vraie réussite !
Si je veux retourner au thème de « Holocene« , cette montée en puissance de la musique et des growls au fur et à mesure peut correspondre soit à l’augmentation de l’influence de l’Homme sur Terre, soit au réchauffement progressif de la Terre durant cette période (et malheureusement bien aidé par nous-même). Au niveau des paroles, je n’ai eu accès qu’à certains titres, mais le lien entre la période géologique et les paroles elles-mêmes est assez ténu. Il m’a fallu pas mal d’extrapolations et aller vraiment loin pour le retrouver, ce que j’ai trouvé un peu dommage, mais peut-être ce lien est plus clair sur les titres ou je n’ai pas eu les paroles ! Je ne tirerai pas de conclusion définitive dans ce cas, mais en tout cas elles sont toujours aussi poétiques et critiquent la société humaine (actuelle) en toile de fond.
The Ocean, nous livre, avec « Holocene » un album progressif, tant dans sa musique que dans son déroulé. Les guitares et les growls sont de plus en plus présents, approchant du présent. J’ai cependant quelques réserves, comme inclure des titres qui ne sont pas liés à des étages géologiques (sans en nier leur qualité puisque « Unconformities » est mon morceau préféré de l’album) et des paroles (pour celles auxquelles j’ai eu l’accès) ou il faut aller très loin pour retrouver un lien avec le titre. Ce ne sont que des détails, qui en plus n’intéressent probablement que moi ! « Holocene » dans sa globalité est un très bon album pour lequel il faut prendre le temps afin de l’apprécier totalement, mais une fois rentré dedans, aucun regret !
Tracklist :
1. Preboreal
2. Boreal
3. Sea of Reed
4. Atlantic
5. Subboreal
6. Unconformities (feat. Karin Park)
7. Parabiosis
8. Subatlantic