Carnifex : « Necromanteum » @Nuclear Blast Records

Carnifex

Necromanteum

Format : Album

Genre : Deathcore

Pays : États-Unis

Label : Nuclear Blast Records

Sortie : 06.10.23

Note : 5/5

Asseyez-vous confortablement, attachez vos ceintures, fermez les yeux et partons dans le royaume gigantesque de la magie… et de la mort. La nécromancie est une manière d’invoquer les morts à travers la magie, et c’est ce thème précis que le groupe Carnifex a choisi pour nous livrer leur 9ème album “Necromanteum”. Après un “Graveside Confessions” très bon mais qui n’apportait pas grand-chose dans leur discographie, “Necromanteum” va-t-il redresser la barre ou être un énième album de deathcore sans saveur ? Tout d’abord, “Necromanteum” est le premier album de Carnifex avec leur nouveau line-up : notamment l’ajout de Niel Tieman à la guitare (ex-Devildriver) et musicalement il apporte un vent de fraîcheur et de savoir-faire… Le groupe est de nouveau une hydre à 5 têtes, et ce nouvel album se positionne pour tout ravager sur son passage. “Necromanteum” est pour la première fois de leur carrière, un album dont le fil conducteur s’étale sur tout l’album. Avant de décortiquer l’aspect musical de l’album, attardons-nous déjà sur la pochette de cet album. Exit les têtes de mort caractéristiques du groupe : cette fois-ci, la pochette se veut plus mystérieuse et inquiétante : un cimetière, des pierres tombales, une lumière inquiétante se rapprochant et le logo du groupe plus travaillé que d’habitude.

 

Ce nouvel album est composé de 10 chansons pour une durée de 42 minutes, ce qui fait le deuxième album le plus long de leur carrière. Le temps est venu, mes chers lecteurs, de s’asseoir confortablement et de se préparer à invoquer les morts. L’album s’ouvre sur « Torn in Two« , le groupe ne nous laisse pas le temps de poser bagage que nous sommes déjà en branle-bas de combat : les guitares se présentent, la batterie prend ses marques et Scott nous lâche un de ces gros growls dont il est le seul à avoir le secret… et c’est parti pour la boucherie. « Torn in Two » est une excellente mise en bouche et les musiciens s’en donnent à cœur joie. La production et le mixage sont impeccables, mais ce qui m’interpelle dès les premières secondes de cette ouverture, c’est la dimension presque théâtrale de leur son : en effet, les orchestrations sont parfaitement équilibrées et donnent une intensité supplémentaire à la composition. Depuis l’album “Slow Death”, le groupe avait à cœur de donner plus d’épaisseur dans leur son, et à mélanger plusieurs styles de metal comme le death metal, le deathcore et le black metal. Mais cette fois-ci toutes les orchestrations ont pour but de faire qu’un avec le thème, et c’est une franche réussite. “Death’s Forgotten Children” est la seule chanson de cet album où on trouve un invité, et pas des moindre, parce qu’il s’agit de Tom Barber (ex-Lorna Shore, et maintenant chez Chelsea Grin). Cette deuxième piste est un classique en devenir. Musicalement cette chanson est une bombe. Les riffs sont ultra catchy, Shawn à la batterie s’amuse comme un gosse et les orchestrations donnent encore plus d’épaisseur à la compo. La collaboration entre les deux frontmen est éclatante, et le terme collaboration n’est pas si anodin : c’est la première fois que Scott (du côté Carnifex) écrit le texte d’une chanson avec une personne externe au groupe. On passe maintenant sur la chanson éponyme et une nouvelle fois, il n’y a pas de sortie de route, bien au contraire. “Necromanteum” sort tout droit d’un film d’horreur, l’ambiance générale de la chanson est effrayante et mystérieuse, mais attendez ! Ça ne nous rappelle pas un peu la pochette de l’album, ça ? Et c’est à partir de ce moment que je me suis rendu compte que ce nouvel album allait certainement dépasser toutes mes attentes. Carnifex sait composer des chansons bien brutales, ce n’est pas une nouvelle, mais construire un album sur un seul concept est plus difficile qu’il n’y paraît et pour le moment c’est un sans faute. La chanson éponyme dévoile un côté plus sombre, proche du black metal dans son refrain et dans ses orchestrations mais extrêmement incisif dans ses couplets et c’est là où tout le talent du groupe émerge. Le fait de ne pas se contenter de produire la même chose est extrêmement appréciable. “Crowned on Everblack” est le tournant « dark » de l’album : il est indéniable que leur amour pour le black metal est ici mis en valeur notamment grâce aux leads, aux solo et une nouvelle fois les orchestrations sont là où elles doivent être. L’écriture est extrêmement intelligente.

Cette chanson continue sur la même lancée et enchaîne sur « The Pathless Forest« , qui arrive habilement à mixer leur côté sombre et brutal avec le côté plus théâtral (notamment vers la fin du morceau). “How the Knife Get Twisted” est certainement la chanson la plus démoniaque de l’album, rien que le refrain me donne des frissons. Et quel refrain ! La voix diabolique de Scott ainsi que les arrangements derrière pourraient bien figurer dans un film d’horreur. Et justement sur cette chanson, les arrangements symphoniques se veulent plus présents mais tout en étant discrets, j’ai trouvé ça extrêmement réussi. “Architect of Mysanthropy” est la chanson la plus colossale de cet album : c’est 5 minutes sans temps mort, d’une technique irréprochable et surtout, je dis bien surtout le solo le mieux écrit de toute leur discographie, cette section qui mixe le solo et en arrière-plan le synthé est un délice auditif. Justement, le solo qui se situe au milieu de cette chanson est un tremplin au final absolument apocalyptique, c’est tout simplement une masterclass. Je tiens à souligner le travail apporté aux solos sur tout l’album : ils ne font pas effet de remplissage et sont écrits pour donner une identité réelle à chaque chanson. “Infinite Night Terror” est tout simplement la chanson la plus « théâtrale » de “Necromanteum”, en y réfléchissant ça aurait pu être le nom de cet album. L’artwork de l’album et cette chanson sont extrêmement complémentaires, spécialement avec cette petite introduction. Musicalement parlant, cette chanson s’amuse à changer de tempo : tantôt lent et bien lourd, tantôt ultra dynamique avec un refrain bien sombre qui confirme une nouvelle fois que le groupe artistiquement tient son sujet. “Bleed More” comme son nom l’indique est une boucherie avec un sans faute technique, c’est rapide et d’une précision chirurgicale. « Bleed More » et « Heaven and Hello all at Once » peuvent être considérées comme une seule et même chanson, car la fin de la première amène le début de cette dernière. L’album approche de sa conclusion et musicalement les atmosphères qui se dégagent de ces deux dernières chansons sont tout simplement grandioses. Le groupe a placé la barre très très haute avec cet album, jamais le groupe n’a autant apporté de soin dans leurs compositions et rien n’est laissé au hasard. Jamais un thème n’a été aussi bien retranscrit dans un album, c’est un sans-faute absolu. Après la fin extrêmement sombre de « Bleed More« , « Heaven and Hell all at Once » arrive et sonne comme une délivrance, la fin d’une épopée, la fin d’un cauchemar ou bien… ne serait-ce pas l’inverse ? Est-ce que le monde réel et le monde des morts ne feraient plus qu’un ?

Inutile d’épiloguer, vous l’aurez compris, avec ce 9ème album, les américains ont placé la barre très très haute, c’est un sans-faute. Musicalement et thématiquement le groupe nous offre l’album le mieux écrit de leur carrière, tout simplement. Dans l’ensemble, “Necromanteum” explore les thèmes de la mort, de l’occulte et des frontières floues entre la vie et l’au-delà. Il dépeint les conséquences et les effets obsédants de l’engagement dans les pratiques nécromantiques, dressant le tableau d’un monde trouble et troublant obscurci par les ombres des morts.

Tracklist :
1. Torn In Two
2. Death’s Forgotten Children
3. Necromanteum
4. Crowned In Everblack
5. The Pathless Forest
6. How The Knife Gets Twisted
7. Architect Of Misanthropy
8. Infinite Night Terror
9. Bleed More

10. Heaven And Hell All At Once

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