Job For a Cowboy : « Moon Healer » @Metal Blade Records

L’événement death metal de ce début d’année est bien évidemment la sortie du tant attendu nouvel album de Job For A Cowboy. Je dis bien « événement » car cela fait maintenant 10 ans que “Sun Eater” est sorti et que les fans attendent la suite de pied ferme. Pourquoi autant de temps entre ses deux albums? Les aléas de la vie tout simplement : Jonny Davy (chant) explique “j’ai dû prendre du recul vis-à-vis du groupe pour des raisons familiales. C’est l’élément déclencheur qui a fait que nous avons tous suivi des chemins différents. La paternité pour certains, d’autres projets musicaux ou des diplômes universitaires voire même des carrières en dehors de la musique pour d’autres. Autant de choses qui étaient alors au centre de nos vies et qui devaient être notre priorité. Le groupe a donc décidé d’entrer en hiatus. Mais pour autant nous n’avions jamais fermé la porte à un retour de Job For A Cowboy. Puis un jour, tous les éléments se sont réunis pour que nous recommencions à composer ensemble et il était grand temps de franchir le pas vers quelque chose de nouveau”. “Moon Healer” est donc la suite logique de “Sun Eater” sur le plan musical, mais le groupe nous dévoile ici une toute autre vision et s’adonne à un concept album. Ils expliquent que “le concept de l’album a été inspiré par l’un de nos amis proches qui s’est lancé dans une quête acharnée de l’illumination divine par l’abus incessant de drogues hallucinogènes. Cependant, au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans ces expérimentations, il a commencé à présenter des troubles bipolaires et schizophréniques. Il en est venu à croire que, en consommant ces substances, il pouvait accéder à une réalité alternative et ésotérique dans laquelle il rencontrait des personnages bibliques. Cette chanson reflète ses pensées, ses idées et ses expériences”. Le concept susnommé est extrêmement bien représenté par l’artwork du nouvel album. “Sun Eater” est plus imposant et plus épique alors que, “Moon Healer” est tout simplement un gros délire.

Pour “Moon Healer”, Job For a Cowboy a refait appel à Jason Suecof (de Audiohammer Studios) pour gérer la production et le mixage de ce nouvel album : et le moins qu’on puisse dire c’est que le son est… monstrueux. Cet album est aussi le premier album de Job For A Cowboy auquel participe Navene Koperweis (ex-Animosity). Connu pour son travail de batteur de session avec Machine Head ou Whitechapel mais également pour son poste de batteur permanent au sein d’Entheos et de Koperweis a déjà eu l’occasion de collaborer avec Davy au sein du groupe de death metal progressif Fleshwrought (qui avait sorti “Dementia/Dyslexia” en 2010 via Metal Blade Records). Le chanteur a commenté cette collaboration en disant qu’“Navene et moi sommes littéralement liés depuis la fin de mon adolescence. Certains des premiers concerts et tournées de Job For a Cowboy ont eu lieu avec Animosity. C’est donc tout naturellement que nous avons demandé à Navene de jouer un rôle majeur dans ce projet”. Le groupe a toujours fait preuve de créativité lors de ses compositions, mais 10 ans après, est ce que la fougue est toujours au rendez-vous ?

Après un premier jet sur cette nouvelle galette, le constat est clair,Job For A Cowboy est bien de retour et encore plus furieux que jamais. “Moon Healer” commence là où “Sun Eater” s’arrête : c’est comme si on les avait à peine quittés. La patte JFAC est toujours présente pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Le timbre particulier de Jonny Davy est reconnaissable entre mille et n’a rien perdu de son efficacité. Les compositions sont tout aussi tordues les unes que les autres : particulièrement “Etched in Oblivion” et “Into the Crystalline Crypts”, mais aussi les imposants “Beyond the Chemical Doorway” et “Grinding Wheels of Ophanim”. Job for a Cowboy n’a jamais été un groupe de death metal conventionnel et avec ce nouvel album, ils nous montrent encore une fois tout le savoir-faire des musiciens afin de ne pas proposer un énième album de death metal monotone. Les montées en puissance se font très bien ressentir et le groupe se régale à nous jeter des parpaings les uns après les autres. J’aime associer le terme « blockbuster » pour certaines d’entre elles. Mais il est clair aussi qu’il faudra bien plus d’écoutes afin d’assimiler cette nouvelle offrande. Les guitaristes ont été plus qu’inspirés lors de l’écriture de “Moon Healer”, en démontre les innombrables riffs et atmosphères que constituent cet album.

“Moon Healer” est la preuve que le groupe n’a rien perdu de sa fougue et de sa créativité, et qu’il va encore donner quelques leçons d’écriture et d’originalité à certains combos. Maintenant, il faut espérer qu’on ne sera pas obligé d’attendre encore 10 ans pour le prochain…