Unleash The Archers
“Phantoma”
Format: Album
Genre: Power metal
Pays: Canada
Label: Napalm Records
Sortie: 24.05.24
Note: 5/5
Comme beaucoup ici je pense, j’ai connu les canadiens de Unleash The Archers avec le clip de la chanson « Awakening » qui tournait énormément sur Youtube. Le mélange entre le power metal, le djent et le prog’ détonnait, mais je n’ai jamais approfondi plus que ça, n’ayant eu l’occasion de les voir en concert. Lorsque j’ai eu l’opportunité de chroniquer leur nouvel album « Phantoma« , j’ai saisi ma chance pour voir leur évolution. Le groupe a d’ailleurs subit quelques changements de line-up et opère maintenant dans un power metal technique. « Phantoma » est un album concept qui raconte l’histoire d’une IA : Ph4/NT0mA, qui (attention spoilers !), dans un futur dystopique, va peu à peu perdre foi en l’humanité jusqu’à arriver à une détestation complète. Difficile de ne pas y voir une critique de la société actuelle et de ce qui nous attend, mais ceci sera probablement expliqué dans l’interview que nous avons réalisé du groupe et qui sortira très bientôt !
Pour revenir à l’album, la pochette est intéressante avec des éléments qui semblent tout droit tirés de Star Wars (les vaisseaux volants sur Coruscant au milieu des gratte-ciels) et des années 80 dans le design des immeubles. Malgré tout, une nature sauvage reste au premier plan. Il y a pas mal d’interprétations à faire. Unleash The Archers a décidé de s’aider de l’IA dans la conception de l’album pour plonger complétement dans le thème de « Phantoma« , et cela se ressent beaucoup dans la pochette, ce que je regrette tout de même un petit peu. Dès les premières notes de ce « Phantoma« , je trouve que le style un peu 80’s de la pochette a été mis en écho à la musique qui a de grosses inspirations Hard FM / Glam des années 80 dans la musique mais également le chant (plus particulièrement celui de Andrew Kingsley). Je suis un grand fan des groupes de cette époque et j’aime beaucoup ces inspirations. Unleash The Archers a également ajouté des nappes de synthétiseurs assez présentes pour coller à l’ambiance IA/futuriste. Le mix est bien équilibré malgré le nombre d’éléments présents dans la musique. Le chant de la leader Brittney Slayes n’est pas le plus extravagant et reste assez sobre, sans pousser dans les aigües, pour un effet très agréable : il n’y a pas d’impression de « too much » qui peut parfois arriver, quand on veut trop en faire et c’est tant mieux !
L’album s’ouvre avec « Human Era » qui sonne comme un hymne glam et lance parfaitement l’histoire. On ressent l’état d’esprit du personnage Ph4/NT0mA changer à chaque titre : de la joie et presque de la naïveté pour cette première étape. Le second titre est totalement centré sur le personnage, puisqu’il porte son nom « Ph4/NT0mA« . Musicalement parlant, c’est du pur power metal, positif dans l’atmosphère (mais sans la naïveté de « Human Era« ), avec une section rythmique qui n’invente rien mais reste efficace. Les soli de guitares se répondent parfaitement et les nappes de synthés amènent un petit plus non négligeable pour l’originalité. « Buried In Code » renoue avec les influences glam, particulièrement sur le refrain, mais en plus moderne et rapide. C’est d’ailleurs le titre le plus court de l’album, le seul sous les 5 minutes, et de loin (3:39 exactement). Notre Phantoma est toujours positive et cela se sent, mais ça ne durera probablement pas ! Son parcours l’emène jusqu’à « The Collective« , qui marque un tournant dans l’histoire et dans le cd. Le son est plus grave, plus rapide, presque thrash dans l’ambiance, bien plus proche de leur fameux hit « Awakening« . Les premiers growls de Grant Truesdell apparaissent avec des cœurs implacables, qui sont un mur pour Ph4/NT0mA et marquent le début de sa prise de conscience et de son indépendance.
Le titre « Green & Glass » marque le début de la liberté de Ph4/NT0mA, qu’on le ressent dans le début de la chanson par son ambiance joyeuse. À ce point de l’histoire, elle a quitté le Collectif des IA pour s’émanciper et prévenir les Humains, qu’elle admire, du danger qui les guette. En chemin elle profite de la liberté pour découvrir l’extérieur, d’où le titre « Green & Glass« . Les soli retranscrivent parfaitement cette joie de vivre, tout comme le chant qui est un peu plus poussé dans les aigües, dans un pur heavy/power metal. Malheureusement, cela ne dure pas, la rencontre avec les Humains ne se passe pas bien durant « Gods In Decay« . Il y a une opposition entre un chant plus grave et guitares plus graves sur les couplet, et un refrain où se mèle les graves et aigües, sans que l’un prenne le dessus sur l’autre. D’un point de vu strictement musical, je suis comblé par un superbe solo de guitare en tapping, probablement mon préféré de l’album. Si je retourne dans l’histoire qui nous est narrée, cette opposition donne un très bon titre, le plus nuancé jusqu’ici. Le début de « Give It Up Or Give It All » est plus lent, au piano d’abord puis avec la guitare, avec une petite similitude avec « Under The Same Sun » de Scorpions. Le désespoir commence à gagner Ph4/NT0mA, puis une résolution, que l’on sent encore une fois parfaitement avec le déroulé de la chanson. Je trouve le pré-refrain assez extraordinaire, c’est le point fort de ce titre.
La fin de l’histoire approche, et le changement est fait pour notre héroïne, les guitares deviennent plus agressives dans leur rythmique (« Phantoma » reste un album de power metal, mais le changement est palpable), « Ghosts In The Mist » dissémine aussi quelques growls au fil du titre, qui n’est pas forcément le plus original sans ça. « Seeking Vengeance » a le mérite d’être clair dans son titre ! La rythmique est agressive, les growls répondent à Brittney Slayes, l’ambiance est plus sombre. Seul petit bémol, qui est présent sur tout l’album et que je n’ai pas encore mentionné, la batterie est légèrement en retrait et aurait mérité d’être un poil plus en avant. L’album « Phantoma » se conclut avec « Blood Empress« , qui est dans la lignée de « Seeking Vengeance« , mais plus lent et plus lourd. Les dernières minutes sont constitués de cœurs tristes accompagné d’un blast-beat à la batterie, pour entériner le basculement dans la violence de Ph4/NT0mA.
Unleash The Archers a réussi quelque chose de fort, faire un album concept cohérent du début à la fin. Chaque chanson reflète ce qu’il se passe dans l’histoire et se ressent. Mais surtout, les chansons sont bonnes, le power metal du groupe explore toutes les facettes du style : du classique « Ph4/NT0mA« , au côté plus festif et presque glam de « Human Era » et « Buried In Code« , jusqu’au plus lourd et sombre qui lorgne vers le thrash « Seeking Violence« , « Blood Empress« . Les 55 minutes de « Phantoma » défilent et j’ai passé un très bon moment, et pour ça, merci Unleash The Archers.
Tracklist :
- Human Era
- Ph4/NT0mA
- Buried In Code
- The Collective
- Green & Glass
- Gods In Decay
- Give It Up Or Give It All
- Ghosts In The Mist
- Seeking Vengeance
- Blood Empress